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Bribes d’un parcours théâtral
Naissance et évolution d’une jeune compagnie

de Henri CACHIA

Aux édition L’Harmattan

L’objet de cet ouvrage est de faire toucher du doigt ce qu’ont pu être la naissance et l’évolution d’une jeune compagnie de théâtre, dans les années 80 en région Nord-Pas-de-Calais, vues par un comédien qui en a été un des co-fondateurs et son directeur durant plus de sept années.
Ce témoignage vise à faire comprendre aux spectateurs et aux différents acteurs de la vie théâtrale, le travail au quotidien d’une troupe en devenir. Il donne aussi un éclairage sur les relations avec la presse, les autres artistes et les élus des différentes institutions publiques, qui par leurs divers subsides permettent à de nouvelles équipes artistiques d’éclore et de se développer.
C’est à travers le parcours d’un humain que l’auteur a choisi d’aborder ce récit, avec ses faiblesses, ses doutes, ses questionnements, mais aussi ses forces, son courage et sa détermination. Sans fausse pudeur.

Extrait

Nous avions séduit aux « Provinciales » de La Rose des Vents à Villeneuve d’Ascq en 82, au festival des jeunes artistes professionnels de Saint-Omer en 83, nous étions persuadés qu’il en serait de même pour le Off d’Avignon en 84. Ben voyons. Nous étions sur un petit nuage, pas question d’en redescendre. Oui, sauf que là, pas de collaboration, ni de commande. Nous arrivions au beau milieu d’une foire, imposant notre présence, comme… trois cents autres compagnies. Chacun trouvant refuge, là où ses moyens le lui permettaient.
Du simple box de garage, aménagé au minimum, appartements, cinémas, cafés, bibliothèques, salles de réceptions, centres sociaux, etc…etc… étaient pour ainsi dire, réquisitionnés pour l’occasion. Si ces lieux pouvaient effectivement accueillir des créations spécialement adaptées, on y trouvait au contraire, toutes sortes de spectacles hétéroclites et iconoclastes, n’importe où. Quant à l’équipement technique, disons qu’il était de fortune.
Un amateurisme, dans le plus mauvais sens du terme, se dégageait de cette immense confusion.
Si quelques lieux commençaient à s’organiser et à s’équiper (les choses ont bien changé depuis, heureusement et tant mieux pour les régions qui ont maintenant leurs propres salles), notamment pour la diffusion et les relations avec la presse, pour les autres, il s’agissait bel et bien de se mouvoir dans une jungle.
Nous étions effarés, en descendant la grande rue de la gare, de constater qu’une équipe d’affichage, à peine arrivée à l’extrémité de cette rue, était aussitôt « recouverte » par une autre, se pointant à l’autre extrémité. Et ainsi de suite. L’affiche tenait quelques minutes, à peine.

Henri CACHIA est comédien depuis plus de deux décennies (à déduire toutefois cinq années consacrées à « un cancer du sang »). Aujourd’hui il approfondit sa pratique en la prolongeant par une recherche avec la Société Française d’Expression Scénique et de Scénothérapie, convaincu que l’art théâtral a encore beaucoup à apporter sur « l’autre scène ». En 2004, il a publié Un cancer du sang. Parcours d’un porteur de lymphome chez le même éditeur.

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  • Bribes d’un parcours théâtral

    30 juin 2011, par Henri Cachia

    FRANCE BLEU NORD
    Rencontre avec Agnès Delebarre
    « Les livres de chez nous » avec Le Furet du Nord
    9h40 – 16h (4 passages)
    Samedi 30 juillet et Dimanche 31juillet 2005
    « BRIBES D’UN PARCOURS THEATRAL »- « Naissance et évolution d’une jeune compagnie (Editions L’Harmattan)
    d’Henri Cachia
    animatrice : Henri Cachia est comédien, auteur et surtout un homme qui a besoin de faire partager son expérience de vie, voilà pourquoi il a écrit un livre sur son combat face à un cancer du sang, mais aussi sur le théâtre. Rencontre avec Agnès Delebarre.
    Agnès : Henri Cachia est un homme de 53 ans, énergique, un rien nerveux. Il aime à raconter, c’est sans aucun doute ce désir qui est à la base de son livre « Bribes d’un parcours théâtral »- « Naissance et évolution d’une jeune compagnie », dans le Nord-Pas-de-Calais, bien sûr. Mais c’est aussi...
    Henri : C’est de faire vivre, un petit peu de l’intérieur le quotidien de ce genre d’expérience. C’est vraiment la naissance à l’état embryonnaire d’une jeune compagnie, du point zéro... jusque comment dirais-je... Il n’y a pas encore très longtemps, les compagnies théâtrales en commission étaient classées, de façon un peu scolaire, de D,C,B,A. Notre compagnie est parti de D et a fini au bout de sept années, l’âge de raison, on peut dire, en A+.
    Agnès : Un livre qui raconte toutes les démarches qui existent pour faire mûrir une jeune compagnie théâtrale ; des démarches qui n’ont rien à voir avec l’artistique. Face à ma réflexion, Henri Cachia répond par l’intermédiaire d’un réalisateur de films.
    Henri : Jean Schmit disait que pour parvenir à réaliser un film, ça représentait 95% d’énergie pour rassembler le budget production, et le reste c’était pour la création. Là, je ne dirai pas ça, mais c’est vrai que ça correspond de 50 à 60% d’énergie. C’est une chose qui est incontournable.
    Agnès : Le théâtre c’est aussi croiser des gens étonnants comme Cyril Robichez, un grand homme de théâtre pour notre région Nord-Pas-de-Calais.
    Henri : Alors qu’il était devenu délégué au théâtre à la D.R.A.C. , j’étais venu déposer une demande de subvention, et il m’a dit, je veux absolument te montrer... ma vision de Minetti de Thomas Bernhard, parce que c’est ce personnage que je voudrais incarner avant de mourir... Moi, j’ai pensé qu’il allait me faire ça pendant 5 minutes... Et en fait, pendant toute l’heure du rendez-vous, il a déclamé dans son bureau, avec des effets de cape... Il m’a joué la totalité de la pièce...
    Agnès : Et des expériences un peu étonnantes...
    Henri : Évidemment, nous on pensait que c’était arrivé... Et qu’à Avignon, on allait être la révélation du Off... Quand en 83, on est arrivé là avec trois cents autres compagnies... Qu’on a vu le foutoir que c’était... On avait loué un espace dans une péniche, et Babeth a eu l’idée de mettre la barque de sauvetage sur le toit de notre voiture... Elle nous avait proposé de chanter des airs d’opéra, parce que c’est une excellente chanteuse... en lançant des dragées au public. Et sur la fameuse place de L’Horloge à Avignon, tous les badauds, tout le monde arrivait autour de nous et nous demandaient où l’on jouait... Il y avait vraiment un très très gros attroupement, et après ça a commencé à se remplir...
    animatrice : Nous profitons de cette évocation pour saluer Elisabeth Legillon, la fameuse Babeth, une comédienne remarquable de la région qui a joué, entre autres, pour des metteurs en scène comme Claire Dancoisne, les Fous à réaction, mais encore Ladyslas Znorko, cela vous rappelle peut-être des souvenirs ; quant à Cyril Robichez, il a marqué le Nord-Pas-de-Calais par sa présence inimitable et son Théâ tre Populaire des Flandres, un peu comme Jean Vilar avec le Théâtre National Populaire pour Avignon. Deux grandes figures que l’on croise dans l’oeuvre-témoignage d’Henri Cachia « Bribes d’un parcours théâtral, aux éditions de L’Harmattan.