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A propos de l'auteur

  • Catherine Anglade

    Étudiante en 2ème année de licence de Lettres modernes à l’université de La Rochelle.

Accueil || Licence de Lettres || Tocqueville || Comment les croyances religieuses détournent de temps en temps l’âme des Américains vers les jouissances immatérielles.

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  • (|ptobr)

Dans les chapitres précédents, Tocqueville a traité de l’usage que l’Américain fait de la liberté. Il l’exploite bien souvent pour son propre compte et non pour le bien-être collectif.

Cet usage qui mène à l’individualisme ne peut-il pas être un danger pour la Démocratie ?

Il est une pratique aux Etats-Unis qui impose au cours du septième jour de la semaine, l’abandon de toute activité économique et permet ainsi à l’homme de se préoccuper de son âme : c’est la religion. Les familles et les citoyens se retrouvent ainsi dans des temples où sont tenus des discours plus spirituels sur la morale, la vertu et le bonheur. De retour chez lui, le citoyen Américain en se penchant sur les Saintes Ecritures, peut se rapprocher de Dieu, de l’esprit mais aussi se préoccuper de ses droits et de ses devoirs. On peut entendre par droit : sa destinée après la mort et par devoir : ce que l’homme a obligation de faire conformément aux préceptes religieux.

La liberté en Démocratie exempte t’elle l’homme à avoir des devoirs ?

La religion ne préconise t-elle pas à l’homme croyant d’avoir des devoirs vis-à-vis de la communauté ceci, afin de pouvoir bénéficier de ses droits ?

La croyance en une religion, dit Tocqueville, permet d’asseoir les institutions politiques américaines car, elle établit une morale qui est nécessaire au bon fonctionnement de la Démocratie. Cette morale permettra à l’homme de bénéficier de sa liberté mais aussi de se préoccuper de celle d’autrui.
Le rôle du Législateur, pour Tocqueville, est de légiférer en fonction d’éventuelles dérives d’interprétation de la moralité et de la vertu. La recherche du bien-être est indispensable, il faut pour cela être conscient des besoins du peuple et, si nécessaire, les stimuler. Tocqueville prend l’exemple d’une ‘société aristocratique’ et considère qu’en poussant l’esprit humain vers les études physiques, l’attrait pour les richesses matérielles que peuvent ressentir certains sera noyé par la recherche du bien-être de tous. Il pense que la liberté offerte par la démocratie doit nécessairement s’accompagner d’une ouverture d’esprit, d’un accès à la culture et à l’éducation. Armé de cela, l’être humain ne pourra que faire progresser la société pour le bien-être de tous. Il faut éviter que l’homme ne cherche qu’à perfectionner son propre mode de vie car, cela ne pourrait être qu’au détriment de son esprit et de sa vertu. Le législateur et tout homme instruit doivent veiller à ce que le respect de la morale pousse l’homme vers la perfection et la recherche continuelle de l’élévation spirituelle.

La vertu ne doit-elle pas accompagner la liberté en Démocratie de façon à éviter l’anarchie ?

Pour Tocqueville, les matérialistes dont les idées majeures sont l’absence d’une entité supérieure à l’homme et le fait qu’il n’existe rien après la mort, sont opposés au peuple et dangereux pour la démocratie car, il n’y a plus le ‘pare-feu’ au vice que constitue la religion. La métempsycose, à laquelle Tocqueville ne croit pas et l’immortalité de l’âme sont des croyances nécessaires pour pousser l’homme à se perfectionner.

La vertu ne pourrait-elle pas se substituer à la religion ?

Tocqueville fait appel aux idées philosophiques de Socrate et de son disciple Platon concernant la séparation du corps et de l’âme pour justifier la présence indispensable du spiritualisme au maintien de la démocratie. En revanche, il est opposé aux religions d’état qui porteraient atteinte à l’Eglise. Il indique clairement être pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

La séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est-elle pas toujours problématique ?

Tocqueville ne sait comment l’Etat peut aider à maintenir la religion, il soumet une proposition qui est celle que les gouvernements agissent comme s’ils croyaient eux-mêmes à l’immortalité de l’âme et agissent en respectant la morale religieuse.

Cette proposition de Tocqueville n’est-elle pas opposée à la séparation de l’Eglise et de l’Etat ? N’existe-t-il pas des hommes non croyants vertueux ?

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  • Comment les croyances religieuses détournent de temps en temps l’âme des Américains vers les jouissances immatérielles.

    5 février 2012, par Joana Guillou

    Sans pour autant prôner la laïcité, Tocqueville démontre qu’il accorde un rôle particulier à la religion au sein de la démocratie. Toutefois il tempère ses propos puisque pour lui, ce qu’il nomme « religions d’État » en référence à La France d’ancien régime où le pouvoir royal et le pouvoir religieux ne sont pas séparés deviennent néfastes à la longue. Il dit que la religion à un rôle à jouer dans la démocratie mais jusqu’à un certain point. Selon lui le rôle des représentants religieux doit être restreint puisqu’il utilise une hyperbole pour marquer son propos : « Je me sens si pénétré des dangers presque inévitables que courent les croyances quand leurs interprètes se mêlent des affaires publiques, et je suis si convaincu qu’il faut à tout prix maintenir le christianisme dans le sein des démocraties nouvelles, que j’aimerais mieux enchaîner les prêtres dans le sanctuaire que de les en laisser sortir ».
    Religion et démocratie sont donc indissociables pour Tocqueville car la religion est le moyen permettant à une démocratie de ne pas se laisser corrompre par le matérialisme qu’elle engendre chez les individus. Il la compare à une « maladie dangereuse de l’esprit humain ». La religion serait selon lui, le remède qui permettrait à l’individu de ne pas se perdre dans sa quête de toujours plus amasser de biens et de repli sur soi-même. Il adopte ainsi le point de vu de Platon et exprime sa foi en l’homme. A ses yeux, il est tout à fait capable d’avoir foi en la religion et en la volonté d’améliorer son bien-être terrestre.
    Le problème qui peut se poser est de savoir si l’homme est capable de combiner sa foi et son désir de possession matériel ?