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La troupe de théâtre amateur du Tréteau des 2 Tours, nous propose de remettre au goût du jour la célèbre pièce de Molière.

Sur l’affiche promouvant la pièce on peut voir la carte vitale d’un certain Jean-Baptiste Poquelin, plus connu sous le nom de Molière. Le ton est donné. Cette pièce s’installe parfaitement dans un contexte de constante paranoïa médicale, avec entre autres l’affaire du Mediator. Les scandales médicaux de ces dernières années justifient parfaitement l’obsession de soin dont souffre Argan. Le talent d’observation de Molière dépasse le seul contexte historique, une nouvelle fois on constate que ses pièces sont intemporelles.

Bien qu’une fidèle adaptation du Malade Imaginaire aurait pu s’inscrire en 2011, le choix des metteurs en scène s’est porté vers une adaptation plus libre et plus ancrée dans notre époque. Ainsi la comédie-ballet devient populaire et reprend des standards français lors des interludes musicaux : Johnny Halliday, Alain Souchon, etc. Ces musiques sont également l’occasion pour la troupe de rendre hommage à l’ensemble des œuvres de Molière avec un morceau cristallisant l’essentiel des pièces et thèmes évoqués par le dramaturge.

Nous retrouvons Argan, plus de trois cents ans après la première représentation de Molière. Point commun avec le célèbre dramaturge, cette version alternative d’Argan en la personne de Joanick Jullien a aussi mis en scène la pièce, avec la collaboration de Philippe Percot-Tétu, conseiller artistique.

En dehors de la justesse d’Argan, deux autres personnages se détachent du reste de la troupe. Il s’agit de Béline, seconde épouse d’Argan et de Thomas Diafoirus, fils du médecin d’Argan et promis à Angélique, fille d’Argan. La première prenant les traits d’une « bimbo » vénale, vêtue de façon à mettre ses atouts en valeur et le second habillé de façon grotesque, à la figure béate et aux lunettes à triple foyers. Le personnage de Béline est intéressant dans le sens où il peut, lui aussi, traverser les époques sans problèmes. L’idée d’une jeune femme épousant un vieil homme hypochondriaque dans le seul but d’hériter, n’est évidemment pas typique du XVIIème siècle.

À travers la caricature des personnages, Joanick Jullien nous propose une version moderne mais cependant très fidèle aux idées de Molière : le ridicule d’Argan est préservé, la cupidité de Béline aussi. Nous sommes aussi touchés par la romance d’Angélique et Cléante qui ne fait qu’accroitre malgré tous les obstacles. L’adaptation est donc réussie et le pari de transposer une pièce du XVIIème à nos jours est remporté.

Lison Lagroy, Inès de la Grange