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  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

Accueil || Licence de Lettres || Tocqueville || L’égalité

TD du 16 février 2012

4 façons de penser l’égalité des conditions :

juridique : renvoie à la Déclaration : tous les hommes sont égaux en droit.

- sens philosophique : il n’y a plus de différences d’essence entre les êtres, il n’y a pas de supériorité innée.

- sens sociologique :renvoie à une société mue par l’industrie ; lorsque l’industrialisation s’accélère, que les richesses produites sont concentrées, l’égalité de droit ne suffit plus à assurer l’égalité des conditions.

- psychologique : il y a un désir d’égalité, parfois plus puissant que le désir de liberté, d’où un certain nombre de tensions qui ouvrent des voix politiques différentes. La passion pour l’égalité, d’après Tocqueville est plus forte que le désir de liberté.

Il y a une opposition fondamentale chez Tocqueville entre l’aristocrate chez lui, dans sa société et le citoyen dans la démocratie. Ce dernier est à la fois indépendant et fier de sa liberté au sein de la société et faible en même temps, car ce qui fait loi, c’est le nombre, c’est la majorité. Ainsi, l’individu se tourne vers la majorité, qui est la force, et cela mène au conformisme.

Ainsi, Tocqueville s’interroge sur l’égalité comme ressort une possible d’une nouvelle servitude : on peut concevoir une société où les hommes se sentant semblables, vivant dans l’égalité, ne seraient pas libres et vivraient tous égaux sous le pouvoir qu’eux-mêmes pensent s’être donné, puisque, étant égaux ils se retrouvent dans un pouvoir tutélaire (voir fin du tome 2), et pour lui, la démocratie brise la chaîne du social : « Chaque classe venant à se rapprocher des autres et à s’y mêler, ses membres deviennent indifférents et comme étrangers entre eux. L’aristocratie avait fait de tous les citoyens une longue chaîne qui remontait du paysan au roi ; la démocratie brise la chaîne et met chaque anneau à part. À mesure que les conditions s’égalisent, il se rencontre un plus grand nombre d’individus qui, n’étant plus assez riches ni assez puissants pour exercer une grande influence sur le sort de leurs semblables, ont acquis cependant ou ont conservé assez de lumières et de biens pour pouvoir se suffire à eux-mêmes. Ceux-là ne doivent rien à personne, ils n’attendent pour ainsi dire rien de personne ; ils s’habituent à se considérer toujours isolément, ils se figurent volontiers que leur destinée tout entière est entre leurs mains. Ainsi, non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains ; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre coeur. »

DEUXIÈME PARTIE, INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LES SENTIMENTS DES AMÉRICAINS, CHAPITRE II. - De l’individualisme dans les pays démocratiques

La passion pour l’égalité

Qu’est-ce que la passion pour l’égalité chez Tocqueville ? Une partie de la réponse se trouve dans le 3ème chapitre de la Première partie (Conséquences politiques de l’état social des Anglo-Américains) : « Il y a en effet une passion mâle et légitime pour l’égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands ; mais il se rencontre aussi dans le coeur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. »

La passion pour l’égalité n’a donc rien à voir avec un goût pour la justice ni avec une empathie pour ceux qui souffrent d’être au bas de l’échelle sociale. La passion pour l’égalité est celle qui a placé l’individu en son centre, et cet individu ne veut personne au-dessus de lui.

Corpus :

Tome 1 :

Introduction : 11 occurrences

Première partie :

chap III :

Que le point saillant de l’état social des Anglo-Américains est essentiellement d’être démocratique = 7 occurrences. p. 94-102
Conséquences politiques de l’état social des Anglo-Américains = 7 occurrences p. 103-105

Deuxième partie :

Chap X :

(* Position qu’occupe la race noire aux États-Unis ; dangers que sa présence fait courir aux blancs = 6 occurrences p. 498-529)

Tome 2 :

Première partie : INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LE MOUVEMENT INTELLECTUEL AUX ÉTATS-UNIS

* CHAPITRE II. - De la source principale des croyances chez les peuples démocratiques = 8 occurrences p. 20-25.

CHAPITRE V. - Comment, aux États-Unis, la religion sait se servir des instincts démocratiques = 7 occurrences p. 36-47.

CHAPITRE VIII. - Comment l’égalité suggère aux Américains l’idée de la perfectibilité indéfinie de l’homme = 3 occurrences mais chap important vu son titre. P. 52-54.

CHAPITRE IX. - Comment l’exemple des Américains ne prouve point qu’un peuple démocratique ne saurait avoir de l’aptitude et du goût pour les sciences, la littérature et les arts = 4 occurrences. P. 55-61.

CHAPITRE XVI. - Comment la démocratie américaine a modifié la langue anglaise = 8 occurrences P. 94-102.

CHAPITRE XVII. - De quelques sources de poésie chez les nations démocratiques = 5 occurrences. P. 103-111

DEUXIÈME PARTIE : INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LES SENTIMENTS DES AMÉRICAINS

CHAPITRE PREMIER. - Pourquoi les peuples démocratiques montrent un amour plus ardent et plus durable pour l’égalité que pour la liberté = 34 occurrences p. 137-142.

CHAPITRE IV. - Comment les Américains combattent l’individualisme par des institutions libres = 5 occurrences p. 148-153.

CHAPITRE XIII. - Pourquoi les Américains se montrent si inquiets au milieu de leur bien-être = 7 occurrences p. 190-194.

TROISIÈME PARTIE, INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LES MOEURS PROPREMENT DITES

CHAPITRE PREMIER. - Comment les moeurs s’adoucissent à mesure que les conditions s’égalisent = 4 occurrences p. 229-235.

CHAPITRE V. - Comment la démocratie modifie les rapports du serviteur et du maître = 7 occurrences p. 246-257.

CHAPITRE XI. - Comment l’égalité des conditions contribue à maintenir les bonnes moeurs en Amérique = 8 occurrences p. 282.

CHAPITRE XII. - Comment les Américains comprennent l’égalité de l’homme et de la femme = 2 occurrences p. 291-296.

CHAPITRE XIII. - Comment l’égalité divise naturellement les Américains en une multitude de petites sociétés particulières = 2 occurrences p. 297-299.

CHAPITRE XIX. - Pourquoi on trouve aux États-Unis tant d’ambitieux et si peu de grandes ambitions = 10 occurrences p. 334-341.

CHAPITRE XXI. - Pourquoi les grandes révolutions deviendront rares = 12 occurrences . p. 345-361.

CHAPITRE XXII. - Pourquoi les peuples démocratiques désirent naturellement la paix,, et les armées démocratiques naturellement la guerre = 6 occurrences. p. 362-370.

QUATRIÈME PARTIE, DE L’INFLUENCE QU’EXERCENT LES IDÉES ET LES SENTIMENTS DÉMOCRATIQUES SUR LA SOCIÉTÉ POLITIQUE

CHAPITRE PREMIER. - L’égalité donne naturellement aux hommes le goût des institutions libres = 5 occurrences - p. 395-396.

CHAPITRE II. - Que les idées des peuples démocratiques en matière de gouvernement sont naturellement favorables à la concentration des pouvoirs = 5 occurrences - p. 397-401.

CHAPITRE III. - Que les sentiments des peuples démocratiques sont d’accord avec leurs idées pour les porter à concentrer le pouvoir = 7 occurrences p. 402-406.

CHAPITRE IV. - De quelques causes particulières et accidentelles qui achèvent de porter un peuple démocratique à centraliser le pouvoir ou qui l’en détournent = 14 occurrences p. 407-414.

CHAPITRE V. - Que parmi les nations européennes de nos jours, le pouvoir souverain s’accroît, quoique les souverains soient moins stables = 8 occurrences p. 415-430.

CHAPITRE VII. - Suite des chapitres précédents = 13 occurrences p. 439-450.

AVERTISSEMENT = 6 occurrences Tome 2 p. 7-9.

forum

  • Du point de départ et de son importance pour l’avenir des Anglo- américains.

    2 mai 2012, par Marion Eveno-Mérel

    Tome I, Chapitre II : p 69 à 95.
    Du point de départ et de son importance pour l’avenir des Anglo- américains.
    Pour Tocqueville, l’étude du peuple américain se justifie par les caractéristiques singulières de sa création. Premièrement, les colons de Nouvelles Angleterre étaient eux même issues d’un peuple développé et cela présageait un avantage inédit pour une observation socio-politique. Inédit, parce que pour la première fois de l’histoire de l’humanité, la construction des toutes premières bases d’une société a pu être fidèlement retranscrite par le biais de diverses études et témoignages des colons eux même, donnant ainsi des éléments extrêmement précis. Or Tocqueville juge l’histoire d’un Etat indispensable pour comprendre l’existence de ses lois, et l’inclinaison de ses mœurs. Son caractère futur apparaît déjà tout entier lors de son élaboration : Les circonstances qui ont accompagnés leur naissance (la naissance des nations) et servi à leur développement, influent sur tout le reste de leur carrière (p70). L’Amérique est donc à se titre le seul endroit au monde qui puisse s’apprêter à cela étant donné que les prémices des nations européennes se sont peu à peu perdues dans les siècles et les mythologies. Cela est en partie dû à l’oralité des premiers récits, avant que ne soit réellement inventé l’écriture et que les sciences n’arrivent à maturité pour procéder une démarche objective et méthodique, comme cela à pu se faire chez les colons de Nouvelle Angleterre, au XVII ème siècle. Je ne doute pas que nous puissions y découvrir les causes premières des préjugés, des habitudes, des passions dominantes, de tout ce qui compose enfin le caractère national. Cela aurait également pu porter l’auteur à étudier l’Australie mais celui ci explique ensuite que l’intérêt des de l’étude des côtes américaines est également dû au caractère de sa population elle même. Les colons de Nouvelle Angleterre sont en effet issus de la classe moyenne et possède à ce titre- aux yeux de Tocqueville- un potentiel moral plus important que celui des immigrants d’Australie et de Virginie, bagnards ou chercheurs d’Or que l’auteur décris comme : gens sans ressources et sans conduite (p 72), pour développer un état politique. Enfin, Tocqueville veut faire de cet apprentissage du présent par le passé un moyen d’anticiper les sociétés à venir puisque l’Amérique est aussi le lieu des premières ambitions démocratiques.
    L’expression pieux aventuriers caractérise la motivation principale des habitants de Nouvelle Angleterre qui sont pour la plupart, issus de la secte puritaine. Ce serait selon lui, de leur propre initiative et par ferveur religieuse que ces personnes auraient bravé l’Atlantique pour atteindre le rivage du Nouveau Monde. Pourtant, Tocqueville mentionne sans s’y appesantir, les persécutions du gouvernement anglais à leur encontre. Ils n’obéissaient donc peut être pas, comme l’auteur le présente, à un besoin purement intellectuel. Peut être est-ce donc plutôt l’intolérance de l’Eglise anglicane et non la vertu religieuse des puritains qui a générer les premiers élans libertaires et favorisé les premiers germes de la démocratie.
    Trois idées principales jalonnent le fondement de la théorie sociale du développement des Etats Unis d’Amérique. l’auteur les proclame toutes issues des colonies anglaises du nord, puis peu à peu propagées aux états voisins. Ces piliers sont la croyance, l’égalité et la liberté. La religion impulse en effet le premier motif de la création de l’état : C’est la semence d’un grand peuple que Dieu vient déposer de ses mains sur une terre prédestinée (p 77). L’apparition de l’idée d’égalité est provoquée par les circonstances. Les immigrants venaient habiter une terre inconnues, nouvelle, et disposaient pour cela des même moyens et d’un bagage intellectuel similaire qui ne pouvait mener qu’à l’argumentation. Aucun d’entre eux ne pouvait être privilégié. On peut dire qu’en général, à leur départ de la mère patrie, les émigrants n’avaient aucune idée de supériorité les uns sur les autres. Ce ne sont guère les heureux et les puissants qui s’exilent. Et la pauvreté et le malheur sont les meilleurs garants d’égalité que l’on connaisse parmi les hommes. Et Tocqueville ajoute : les émigrants qui vinrent ’installer en Nouvelle Angleterre appartenaient tous aux classes aisées de la mère patrie. Leur réunion sur le sol américain présenta dès l’origine qu’ils ne se trouvaient pas ni grands seigneurs ni peuple. Ni pauvre, ni riche. La liberté est à la fois née du désir de s’affranchir du joug anglais mais également, de leur condition égalitaire même, car éloignés de la métropole ils doivent désormais légiférer eux même, et rendus égaux par la force des évènements ils ne peuvent plus se fonder sur la hiérarchie d’un état monarchique : Ils nomment leur magistrats, font la paix et la guerre, établissent les règlements de police, se donnent des lois comme s’ils ils n’eussent relevés que de Dieu seul.
    L’analyse que fait l’auteur du sol américain est également un vecteur involontaire de l’égalité : On vit que pour défricher cette terre rebelle, il ne fallait pas moins que les efforts constants et intéressés du propriétaire lui même. Ainsi le sol américain est si aride, et son travail si colossal, qu’il y faut l’investissement physique de tous pour subvenir au besoin de la communauté. Aucun superflu n’étant possible, et les terrains morcelés à dimension identique, aucun des individu ne pouvait se détacher de ses congénères, le niveau de vie était le même pour tous.
    Dans ce chapitre, le statut de l’auteur peut s’apparenter à celui de l’historien. Il emploie les mêmes procédés analytiques : il pose un fait, mentionne son origine et à partir de plusieurs éléments concordants, élabore une conclusion. Il recours pour cela à des estimations quantitatives précises, et à deux nombreux repères spatio-temporels : Les émigrants étaient au nombre de cent cinquante à peu près, tant hommes que femmes et enfants. (...) Ils furent forcés d’aborder la côte aride de la Nouvelle Angleterre, lieu ou s’élève aujourd’hui la ville de Plymouth. Il à également plusieurs fois recours aux écrits de témoins directs comme ceux de Nathaniel Morton, pèlerin puritain partie en Nouvelle Angleterre qui décrit l’arrivée des pèlerins dans le nouveau Monde et tout les espoirs qu’ils y fondent. Tocqueville s’appuie sur ce passage pour accréditer l’analyse des motivations de ce peuple. Nathaniel Morton, l’historien des premières années de la Nouvelle Angleterre entre ainsi en matière. Dans la même optique de rigueur, l’auteur cite ses sources : le terme esclavage et accompagné d’un exposant, celui ci explicitant en bas de page et la date du début de la traite, son initiateur (Un navire Hollandais), la zone géographique ou elle débuta (la rivière James) et enfin, l’ouvrage d’un spécialiste de la question : Voyez Chalmer . Le fait de renvoyer le lecteur aux ouvrages complémentaires qui n’entrerait pas immédiatement dans l’intérêt du propos qu’il développe mais qui pourrait lui servir à en élargir sa compréhension, assoient la crédibilité de l’auteur et son jugement. Pourtant, certaines imprécisions, et élans lyriques, suggèrent un façonnement partial de l’analyse Tocquevillienne. La civilisation de la Nouvelle Angleterre a été, comme ces feux allumés sur des hauteurs qui, après avoir répandu la chaleur autour d’eux, teignent encore de leurs clartés les derniers confins de l’horizon. Ou l’allégorie de la page 80 : La démocratie telle que n’avait jamais oser en rêver l’antiquité, s’échappait toute grande et toute armée de la grande société féodale. Cet appréciation laudative outrepasse le rôle attendu de l’auteur si celui ci s’était clairement revendiqué historien. Ici, il ne se limite plus à l’exposition stricte et neutre des faits mais leur confère une connotation personnelle et laudative de la démocratie. Cependant, tout énoncé à une vocation idéologique et l’usage de la comparaison est lui même ambigüe, étant autant employé dans une registre poétique qu’explicatif.
    Eveno Mérel Marion, Lettres Modernes, L2.

  • L’égalité : étude du chapitre III du tome I de La Démocratie en Amérique

    29 février 2012, par Lony Fouet

    Dans ce chapitre, Tocqueville tend à expliquer l’égalité qui règne en Amérique par un fait historique et politique. Ici, l’auteur cherche la cause de l’égalité en Amérique car « l’état social est ordinairement le produit d’un fait, quelquefois des lois ». Selon lui, l’égalité est le fait d’une loi, « la loi des successions » qui « fit faire faire à l’égalité son dernier pas » après que la révolution ait ancré de nouvelles habitudes dans les mœurs américaines et crée de nouvelles lois tendant vers un même but commun. La loi des successions peut avoir différents effets suivant les principes qui la guident. Si cette loi est conduite par l’aristocratie, alors elle mènera au pouvoir quelques riches propriétaires mais si elle l’est par d’autres principes, elle devient la base de la démocratie américaine. Tocqueville met donc ici en place un lien entre propriété et égalité à la base de l’Amérique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Mais en quoi consiste exactement cette loi ? Cette loi des successions est la loi du « partage égal ». C’est-à-dire qu’à chaque nouvelle génération, les biens, la propriétés sont divisés entre les différents héritiers, « ils se fractionnent sans cesse en portions plus petites ». Donc, au fil du temps, les biens et les fortunes s’amoindrissent à force d’être divisés. Ce partage brise les liens sentimentaux entre les propriétaires et les biens ou la terre. L’« égoïsme individuel » lié à l’esprit d’une famille et représenté par une terre, disparaît peu à peu et crée une certaine passion de l’égalité chez les êtres. Ainsi, la « loi des successions » détruit le désir de conserver de grandes propriétés et mène la population américaine vers l’égalité car, « en agissant sur la chose, elle agit sur l’homme ; en agissant sur l’homme, elle arrive à la chose ». L’auteur ne fait pas que théoriser ce fait, il affirme clairement que cette loi a fondamentalement changer la société américaine en soixante ans : « la loi des successions a partout passé son niveau ». Ce fait plutôt politique a donc mené l’Amérique vers l’égalité du point de vu des fortunes mais Tocqueville va plus loin et affirme que ce ne sont pas là les seules répercussions. En effet, selon lui, « l’égalité s’étend jusqu’à un certain point sur les intelligences elles-mêmes ». L’auteur évoque ici un certain paradoxe qui est le fait qu’il y est très peu « d’ignorants » en Amérique mais également très peu de « savants ». Comment expliquer cela ? Du fait de la loi des successions, tout le monde dispose d’une fortune plus ou moins égale et de la même aisance. L’éducation est alors possible à tous cependant, même si la population américaine est aisée, il n’y a pas de riches personnes : il faut donc qu’ils se mettent à travailler assez tôt et arrêtent les études. Ainsi, que ce soit pour les fortunes ou bien la connaissance, l’Amérique dispose d’un « certain niveau mitoyen » et les américains se montrent ainsi « plus également forts qu’ils ne le sont dans aucun pays du monde ».

  • L’égalité - Tome I chap III "Conséquences politiques de l’état social des Anglo-Américains"

    28 février 2012, par Marion Coisy

    Après nous avoir exposé dans la première partie du chapitre, "l’état social des Anglo-Américains", qui a pour but d’être purement démocratique, Tocqueville nous montre ici les "conséquences politiques" de cet "état social".
    L’état social des Anglo-américains repose sur la base de l’égalité, une égalité qui ne se retrouve pas encore dans le domaine de la politique. Il est pourtant inconcevable de voir un peuple où ses hommes sont égaux en tous points sauf en un tel que la politique.
    Mais alors, comment parvenir à être égaux dans un domaine si complexe qu’est la politique ?
    Tocqueville y trouve là seulement deux réponses possibles pour établir l’égalité entre les hommes en politique. Il s’agirait dans une première idée, que les citoyens disposent tous des mêmes droits, ou alors, à l’inverse, dans une seconde idée, que tous, sans exception n’en aient pas.
    Seulement, ces propositions (en adoptant l’une ou l’autre) mènent-elles à la souveraineté du peuple ou bien au pouvoir absolu ?
    Les autres peuples, suivant le même modèle, ne voient pas ce qui peut alors se trouver entre ces deux modes. Tocqueville, nous avoue lui aussi que l’état social "se prête presque aussi facilement à l’une et à l’autre de ses deux conséquences".
    Et quant est-il alors de l’égalité ?
    Aspirant à l’égalité, les Anglo-Américains vouent une "passion mâle et légitime" pour celle-ci. Cela pousse les "petits" à ressembler aux "grands", mais par corruption, les "grands" peuvent eux aussi se retrouver entrainés par les plus "faibles", ce qui pousse les hommes à ce moment là a préférer "l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté". C’est à dire, qu’ils préfèrent se retrouver égaux avec des droits, que libres, maîtres de leurs faits et gestes, mais inégaux.
    Nous pouvons alors se demander, quel intérêt portent-ils à la liberté ?
    La liberté "n’est pas l’objet principal et continu de leur désir" bien qu’ils aient "un goût instinctif pour elle". Ce qu’ils désirent avant tout, c’est d’être égaux. La liberté passe ensuite. C’est une pulsion seconde, en accord avec leurs convictions, ou si ce n’est pas le cas ils s’y résignent. Ils s’en dispensent, se disant que de toute façon, s’ils ne sont pas libres, ils sont au moins égaux, tel était l’objectif fixé.
    L’égalité est donc au dessus de tout, et sans égalité le peuple consent à "périr".
    Cependant, face au pouvoir, comment défendre leur indépendance s’ils sont tous égaux ?
    Quelles conséquences politiques restent à tirer de cet état social ?
    Les Anglo-Américains sont parvenus à maintenir le pouvoir du peuple, la "souveraineté du peuple" et, étant tous égaux, ont échappé au "pouvoir absolu" d’un seul, étant donné qu’il n’y pas de supérieur.

  • L’égalité - Chapitre XVI (T.2) – Comment la démocratie américaine a modifié la langue anglaise

    25 février 2012, par Athénaïs Louis

    Dans ce chapitre, Alexis de Tocqueville inclut la notion d’égalité en s’attachant toujours à la description du principe démocratique. Pour ce faire, il va expliquer le rôle que joue l’égalité sur l’évolution d’une langue. La question est de savoir comment l’implantation de la démocratie dans une société aristocratique va modifier considérablement la langue du pays en question, et ce notamment au moyen de l’égalité.
    Tout d’abord, il est important d’indiquer que Tocqueville considère la langue comme « le premier instrument de la pensée ». Pour lui, l’égalité entraîne des changements au niveau du langage. Quels sont-ils ? Comment cette influence est-elle exercée ? Qu’en pense Tocqueville, est-il plutôt en adéquation avec ces modifications ou non ?
    D’emblée, il pose un paradoxe qui réside dans les siècles aristocratiques. Bien que les peuples soient égaux de par leur origine commune, « ils ne parlent plus tous de la même manière » (p.98). Il observe ensuite deux cas de figure : ceux qui créent des différences de langage au sein d’une même nation et ceux qui à l’inverse détruisent cette barrière pour communiquer entre eux et se confondre, mêlant alors leurs langues. C’est cela qui provoque notamment la disparition de dialectes et de patois. Tocqueville parle dès lors de « révolution dans l’état social » et remarque que « l’égalité ne peut manquer de détruire ce qui est purement conventionnel et arbitraire dans les formes de la pensée. » (p.100) Ainsi, il souligne le caractère universel des mots utilisés par tous mais précise que plusieurs sens sont donnés à un même mot ; cela crée une confusion sur le mot lui-même, à savoir son sens et son origine primitive. Avec l’égalité, tout le monde va avoir le même langage, ce qui dénature donc les langues. Il prend l’exemple de la langue anglaise modifiée par l’arrivée de la démocratie américaine.
    Enfin, Tocqueville aborde une caractéristique qu’il a relevée dans les sociétés démocratiques qui va de pair avec les temps d’égalité. Il s’agit de l’intérêt porté pour les formules générales, ce qui se traduit par le recours à des termes abstraits et génériques. Il ajoute que les écrivains démocratiques « personnifient l’objet de ces mots abstraits et le font agir comme un individu réel. » (p.101) Tocqueville applique cet exemple à son propre cas, il dit en avoir fait de même lorsqu’il traite du concept de l’égalité. Il ajoute que cela n’aurait pas été acceptable à l’époque de Louis XIV car il n’était pas d’usage de recourir à des mots abstraits sans les relier à un fait précis, ce qui agrand[it] et voil[e] la pensée (p.101). Tocqueville conclut sur le fait que ce sont les temps d’égalité qui sont les causes des changements subis par la langue. On peut donc dire qu’il porte d’une certaine manière un regard critique, car bien qu’étant pour l’égalité, il constate que cela participe à l’appauvrissement des langues.

  • L’égalité

    21 février 2012

    CHAPITRE V, Tome II
    Comment, aux Etats-Unis, la religion sait se servir des instincts démocratiques ?

    Tout d’abord, dans ce chapitre, Tocqueville soulève le terme de "croyances dogmatiques religieuse", qui est la conception d’ une idée générale de Dieu. L’auteur met en avant la nécessité de la religion, puisque sans elle, les hommes sont désorientés, et ne savent plus vers où diriger leurs pensées. «  lorsqu’il n’existe plus d’autorité en matière de religion, non plus qu’en matière de politique, les hommes s’effrayent bientôt à l’aspect de cette indépendance sans limites ». (p38). L’auteur explique que lorsque les hommes ne contrôlent plus le « monde des intelligences », ils ont besoin de compenser, de rendre stable « l’ordre matériel ». L’enjeu, dans ce chapitre, est de se demander si cette utilité des religions est elle plus visible chez les peuples à conditions égales ? L’égalité mène à des « instincts fort dangereux », au désir d’individualisme. En effet, elle isole les gens, elle les pousse à ne s’occuper que d’eux même et les tourne donc vers les « jouissances matérielles ».
    En ce qui concerne la notion d’égalité,Tocqueville commence par déclarer que lorsque l’homme se représente l’image d’un Dieu, il l’assimile instinctivement à sa propre personne. En effet, les hommes étant « semblables et égaux », ils croient en un Dieu unique, et son prêts à se soumettre à ses exigences. C’est pourquoi « l’idée de l’unité du genre humain les ramène sans cesse à l’idée de l’unité du Créateur […] des hommes égaux et semblables conçoivent aisément la notion d’un Dieu unique ». (p41). La notion d’égalité est donc à mettre en parallèle avec la notion d’unité.
    Par la suite, l’auteur oppose les peuples religieux aux peuples démocratiques. Un peuple démocratique est-il un peuple sans religion ? Il faut que les peuples gardent leur religion tout en devenant égaux. Il est donc clair que la religion place les hommes sur un rang d’égalité, mais aussi que le fait de devenir égaux permettent aux hommes de protéger, de garder leur religion.
    Afin d’illustrer cette idée, Tocqueville s’appuie sur l’exemple du christianisme, paru sur la terre. «  Les hommes qui composaient cette multitude différaient beaucoup les uns des autres ; mais ils avaient cependant ce point commun, qu’ils obéissaient tous aux mêmes lois ; et chacun d’eux était si faible et si petit par rapport à la grandeur du prince, qu’ils paraissaient tous égaux quand on venait à les comparer à lui » (p.41).
    Plus les hommes se sentent faibles, plus ils ont tendance à se tourner vers une même unité, vers une même croyance, une même « idée générale » qui les pousse à s’en remettre à une autorité.
    Tocqueville termine par expliquer que l’égalité fait naitre chez les hommes le goût du bien être, le goût des jouissances matérielles. Le but de la religion est de «  purifier » ce goût « trop ardent et trop exclusif ». L’auteur confronte donc le pouvoir de la religion à celui de l’opinion commune, qui sont tous deux une barrière chez les peuples à conditions égales. « l’opinion commune apparaît de plus en plus comme la première et la plus irrésistibles des puissances »(p45). Dans les temps d’égalité, l’arbitre des croyances se trouverait plus dans l’opinion commune, que dans la religion.

  • L’égalité : Tome 2, Partie 4 Chapitre 3, pages 402 à 406

    20 février 2012, par Alva-Ines Rodriguez

    Dans ce chapitre, Tocqueville explique comment l’égalité a permis la mise en place d’un gouvernement démocratique aux Etats-Unis. Dans les pays démocratiques, l’égalité permet aux citoyens de n’avoir « ni inférieurs, ni supérieurs » et les amènent à se considérer indépendamment et de façon isolée. L’égalité pousse alors les hommes à ne s’occuper que d’eux-mêmes et de « leurs affaires particulières » ce qui permet l’émergence d’une entité devant s’occuper des « affaires communes ». Cette entité devient le « seul représentant visible et permanent des intérêts collectifs » : c’est l’Etat. L’égalité rend le peuple individualiste, chaque citoyen étant un être faible et isolé qui ne connait que « l’amour de la tranquillité publique », il est alors trop occupé par « ses affaires particulières » que par la vie politique. Chacun d’entres eux étant indépendants, il ne reçoit et ne donne d’aide à personne, ce qui le rend vulnérable et le force à se tourner vers l’Etat pour recevoir de l’aide. Mais l’établissement d’une entité placée au-dessus des citoyens n’est-il pas une contradiction au principe d’égalité ?
    L’égalité amène également au peuple démocratique la haine des privilèges puisqu’ils sont des principes de l’inégalité. On assiste donc à une raréfaction de ces privilèges, en effet « l’amour de l’égalité croi[t] sans cesse avec l’égalité elle-même, en le satisfaisant, on le développe. » Cette lutte du peuple démocratique contre les privilèges permet « la concentration graduelle de tous les droits politiques dans les mains du seul représentant de l’Etat ». Une démocratie ne devrait-elle pas placer le pouvoir directement entre les mains du peuple et non dans celles d’un seul représentant devant être la voix du peuple ? Mais comment un peuple peut-il se diriger s’il ne s’intéresse pas à la vie politique ?
    Paradoxalement, l’Etat, étant au-dessus de tous les citoyens, ne favorise cependant pas l’envie d’aucun d’entre eux, puisqu’ils adhèrent aux mêmes valeurs et aux mêmes buts. En effet « une puissance centrale […] aime l’égalité et la favorise ; car l’égalité facilite singulièrement l’action d’une semblable puissance, l’étend et l’assure ». Ainsi l’égalité permettrait aux hommes la mise en place d’un « gouvernement unique, uniforme et fort ». La mise en place d’un gouvernement centralisé « dans les mains du seul représentant de l’Etat » n’est-elle pas à la fois l’illustration du gouvernement démocratique mais aussi de ses limites et des dérivations possibles entrainées par le représentant (puisque le représentant est lui aussi un citoyen doté d’appétit de jouissances matérielles et d’ « affaires particulières ») ? Le peuple démocratique est finalement un peuple paradoxal puisque c’est par son individualisme et le désintérêt de la vie politique qu’il forme un gouvernement centralisé et une puissance collective par l’égalité d’un peuple.

  • L’égalité. Introduction (Tome 1)

    20 février 2012, par Bereau Mathilde

    (introduction p.37-54 Tome I)
    Comment Tocqueville parle-t-il de l’égalité dans son introduction ?
    Tocqueville commence son introduction en parlant de l’« égalité des conditions » (p.37). C’est selon lui, la chose qui l’a le plus « vivement frappé » (p.37) durant son séjour en Amérique. La définition qu’en donne Tocqueville est la suivante : « ce premier fait sur la marche de la société ; il donne à l’esprit public une certaine direction, un certain tour aux lois ; aux gouvernants des maximes nouvelles, et des habitudes particulières aux gouvernés. » (p.37). Cette égalité des conditions est « un point centrale » (p.37) pour l’auteur.
    Qu’est-ce que concrètement la liberté des conditions ?
    L’égalité doit être partout. Elle signifie que le statut sociale doit être le même pour tout le monde. « l’égalité commence à pénétrer dans l’église » (p.38), elle « s’introduit enfin dans le gouvernement par l’aristocratie elle-même » (p.39). Tocqueville donne l’exemple de la France et de « tout l’univers chrétien » (p.41), selon lui « une double opération s’est opérée » (p.41), les nobles descendent de l’échelle sociale tandis que les roturiers s’élèvent. Le résultat de cette double évolution est que « bientôt ils vont se toucher », c’est-à-dire, être au même point, avoir le même statut, et ils vont être égaux.
    D’où vient la démocratie ? Comment est-elle née ?
    Pour Tocqueville, elle serait la suite logique de l’égalité des conditions puisque c’est « un fait générateur dont chaque fait particulier semblait descendre » (p.37). Norbert Campagna, professeur de philosophie, dans son article « Alexis de Tocqueville et le problème de la liberté dans la démocratie » reprend cette idée : « Le processus de démocratisation est un processus d’égalisation des conditions sociales ». Tocqueville voit ensuite ce qui se passe en Europe et voit que la démocratie s’installe assez rapidement. D’ailleurs, pour Tocqueville, « nous arriverons, comme les Américains, à l’égalité presque complète des conditions » (p.50). Cette égalité des conditions est donc fondamentale puisqu’il précise : « De ce moment j’ai conçu l’idée du livre qu’on va lire. » (p.38).
    La manière dont Tocqueville formule la phrase « Lorsqu’on parcourt les pages de notre histoire, on ne rencontre pour ainsi dire pas de grands événements qui depuis sept cents ans n’aient tourné au profit de l’égalité » (p.40), pourrait faire penser qu’il a une vision utopique de l’égalité, et des hommes. N’est-ce pas plutôt la réalité ? Les hommes veulent cette égalité, c’est pour cela qu’ils n’ont jamais rien fait qui puisse nuire à cette égalité. D’ailleurs, même durant les guerres, « l’institution des communes introduit la liberté démocratique au sein de la monarchie féodale » (p.40), c’est-à-dire que « la découverte des armes à feu égalise le vilain et le noble sur le champs de bataille » (p.40) par exemple. Les hommes veulent l’égalité, et ils contribuent à son développement : « Le développement graduel de l’égalité des conditions est donc un fait providentiel, il en a les principaux caractères : il est universel, il est durable, il échappe chaque jour à la puissance humaine ; tous les événements, comme tous les hommes, servent à son développement. » (p.41). L’égalité est donc un phénomène qui échappe aux hommes, mais ces derniers contribuent à son développement. Tocqueville pense que si les hommes se rendaient vraiment compte que « le développement graduel et progressif de l’égalité est à la fois le passé et l’avenir de leur histoire » (p.42), ce développement aurait enfin une réelle importance, et une valeur « sacré » (p. 42).
    L’homme, en réalité est faible et a besoin d’autrui, « chaque homme étant également faible sentira un égal besoin de ses semblables » (p.46), ce qui met les hommes sur un pied d’égalité.
    L’égalité est une très importante notion que Tocqueville commence à traiter dès son introduction, mais que l’on retrouvera au fils des deux œuvres. A la fin de son introduction, l’auteur donne une précision sur son but qui est de « peindre dans une seconde partie l’influence qu’exerce en Amérique l’égalité des conditions et le gouvernements de la démocratie sur la société civile, sur les habitudes, les idées et les mœurs » (p.52), ce qui sera développé par la suite.

  • Comment les Américains comprennent l’égalité de l’homme et de la femme

    19 février 2012, par Léopoldine Landais

    Dans ce chapitre, Tocqueville établit un constat sur la condition féminine américaine et européenne. Il se demande si la démocratie peut réduire les inégalités entre les hommes et les femmes étant donné que leur source se situe dans la nature.
    Pour les Européens, l’égalité entre les hommes et les femmes passent par les "mêmes fonctions", les "mêmes devoirs" et les "mêmes droits" sans respecter leurs propres différences physiques, morales ou intellectuelles. De ce fait, aussi bien l’homme que la femme sont dévalorisés dans leur identité intrinsèque. Les Américains, quant à eux, ont su utiliser ces différences établies par la nature pour leur faire exécuter des rôles propres à chacun dans l’industrie afin que : "chacun d’eux s’acquittât le mieux possible de sa tâche" et que "le grand travail social fût mieux fait". N’est-ce pas la une des raisons de leur progrès social ?
    Tocqueville résume parfaitement cette différence entre les deux sexes et cette complémentarité : "tous deux marchent d’un pas égal, mais dans des chemins toujours différents." Notre auteur expose le rôle de la femme américaine au sein d’un pays démocratique. Si elles ne peuvent accéder à des métiers d’hommes comme la politique, le "négoce", elles ne sont pas non plus obligées de faire de rudes tâches. Leur féminité ne les empêche pas d’avoir à la fois un raisonnement judicieux et une force virile.
    Le fonctionnement d’une famille américaine et le rôle tenu par la femme diffère de celle d’une famille européenne. La famille américaine ou "l’association conjugale" est comparée à une société où "l’objet de la démocratie est de régler et de légitimer les pouvoirs nécessaires, et non de détruire tout pouvoir." Si l’homme demeure le chef de famille, il semblerait que la femme accepte mais de façon volontaire d’être sous son égide.
    Sur le territoire Américain, les femmes sont considérées par l’homme à leur juste valeur, pas de flatteries superflues mais "on montre chaque jour qu’on les estime." Elles sont l’égale de l’homme sur la liberté d’action, de jugement, sur les vertus contrairement aux européennes jugées exclusivement sur leurs qualités physiques : "on les considère comme des êtres séduisants et incomplets."
    Tocqueville établit un autre constat sur les différences des mœurs des femmes américaines et européennes. En Amérique, le manque de respect des hommes envers les femmes ou des femmes envers les hommes est puni de la même façon, alors qu’en Europe la justice est plus favorable pour l’homme, il a "une sorte d’immunité singulière."
    La législation américaine condamne à mort le viol des femmes, en Europe et notamment en France, il en est autrement. En effet, le législateur est plus clément : "il est souvent difficile de trouver un jury qui condamne."
    De plus, pour les Américains, l’homme et la femme sont des êtres ayant la "même valeur", mais avec des destinées différentes. Leur intelligence, leur force, leur courage se complètent. Ainsi, ils ont redonné à la femme la place qu’elle mérite au sein d’une société démocratique, là est leur notion de progrès.

  • « Comment la démocratie modifie les rapports du serviteur et du maître » T.2, Troisième Partie, chap.5, p. 246-257.

    18 février 2012, par Laëtitia Rey

    En Amérique les relations entre les maîtres et les domestiques font apparaître une contradiction au sein de la démocratie. Comment une relation de servitude, donc d’inégalité fondamentale, peut-elle persister dans une société qui se veut égalitaire ?
    La servitude en Amérique s’établit sous la forme d’un « contrat » (p.252) entre le maître et le serviteur. Cet « accord » implique une frontière qui préserverait l’égalité entre chaque citoyen : « dans les limites de ce contrat, l’un est le serviteur et l’autre le maître ; en dehors, ce sont deux citoyens, deux hommes » (p.252). Les hommes endossent des rôles dans une hiérarchie mais cela n’enlèverait rien à leur égalité. Ces rôles ne sont pas permanents et sont interchangeables. « Les hommes changent sans cesse de place » (p.251) et « le serviteur peut devenir le maître » (p.252). Les serviteurs restent de ce fait « égaux de leurs maîtres » (p.252). Tocqueville compare ce rapport de servitude en Amérique aux relations dans « nos armées ». Dans les deux cas l’obéissance – du soldat ou du serviteur – est « volontaire et définie » (p.253), non permanente et réversible.
    Tocqueville souligne la différence du rapport servitude entre l’aristocratie et la démocratie. Dans une démocratie le serviteur ne se sent pas appartenir à une famille, à une entité qui le protègerait et à laquelle il serait fidèle. Il est « un passant dans la demeure de ses maîtres […] Pourquoi confondrait-il son existence avec la leur et d’où lui viendrait ce singulier abandon de lui-même ? » (p.254). Le rapport d’égalité instituée entre chaque citoyens dans une démocratie a donc changé les rapports entre le serviteur et son maître.
    Dans une démocratie, « l’état de domesticité […] ne crée aucune inégalité permanente entre le serviteur et le maître » (p.256), alors que dans une aristocratie l’inégalité des conditions est permanente. C’est dans cette permanence qu’il faut voir la différence essentielle des rapports de servitude. Lorsque les domestiques ont conscience de leur égalité avec les maîtres et de leur possibilité de changer de statut, ils doutent et « ont honte d’obéir ; [… ] ils ne sont pas sûrs que ce ne soit pas à eux à être les maîtres » (p.257). S’imposent à eux une « image confuse et incomplète de l’égalité » (p.256), limite de l’idéal démocratique. L’accord de servitude entre le domestique et le maître est basé sur « une sorte d’égalité imaginaire » qui nie « l’inégalité réelle de leurs conditions » (p.253).

  • L’égalité

    18 février 2012, par Adèle Guicheteau

    Comment l’égalité suggère aux américains l’idée de la perfectibilité indéfinie de l’homme.
    Tome II, chapitre VIII, page 52.
    La démocratie, donc un système dit « égalitaire » provoque selon Tocqueville une plus forte tendance à la perfectibilité de l’homme « quelquefois outre mesure » (p54). Selon lui ce phénomène est « aussi [ancien] que le monde » (p52) Il utilise ce terme de perfectibilité dans le sens de ’recherche de perfectionnement’ et c’est en cela que l’homme se distingue de l’animal : « un trait n’est particulier qu’à lui seul : il se perfectionne » (p52).
    Mais en quoi l’égalité apporte « un caractère nouveau » (p52) à la perfectibilité de l’homme ? Tocqueville explique que dans une société aristocratique, les peules « conçoivent l’amélioration, non le changement », ce qui pose des « limites infranchissables » (p53). Il est intéressant de noter la nuance entre ’amélioration’ et ’changement’. Dans ’amélioration’ il y a l’idée que la chose sera meilleure après l’action d’améliorer, le ’changement’ n’apporte pas de teinte, il peut être positif ou négatif, si le résultat n’est pas le même après l’action il y a bien changement. Et dans les sociétés aristocratiques, les peuples ont conscience des améliorations possibles mais pensent « qu’ils ont atteint à peu près le degré de grandeur et de savoir que comporte notre nature imparfaite ». La perfection est donc là où le fait est que tout est à sa place selon les sociétés aristocratiques.
    L’égalité, en supprimant les classes et en faisant se mêler les hommes, fait que « des vérités nouvelles sont mises en lumière » (p53). Les « limites infranchissables » sont donc franchies et « l’image d’une perfection idéale et toujours fugitive se présente à l’esprit humain » (p53). Par conséquent, l’égalité permet une recherche de la perfectibilité plus large et plus « absolue » en cela que le peuple comprend qu’il « n’est point infaillible. » (p53), il peut se tromper. Le changement devient alors possible puisque la définition même de la perfection est remise en cause. « Ainsi, toujours cherchant, tombant, se redressant, souvent déçu, jamais découragé, il tend incessamment vers cette grandeur immense qu’il entrevoit confusément au bout de la longue carrière que l’humanité doit encore parcourir. » (p53-54). La notion de perfectibilité en s’alliant avec le principe d’égalité, donne à l’homme des plus grandes alternatives d’avenir pour lui-même et pour sa société entière. Il se donne plusieurs chemins, plusieurs « chances » pour atteindre la réussite.
    L’égalité agit en plusieurs points sur l’esprit humain, la perfectibilité de l’homme en est un exemple.

  • Comment les moeurs s’adoucissent à mesure que les conditions s’égalisent ?

    18 février 2012, par Pauline Moinet

    Etude du chapitre 1, Troisième Partie du Tome II.
    Dans cette tiers partie,il s’agit pour l’auteur de voir l’influence de la démocratie sur les moeurs proprement dites. Ce premier chapitre,est consacré à l’étude de l’adoucissement des moeurs selon l’égalisation des conditions.
    Pour Tocqueville, la cause qui pourrait contribuer à rendre les moeurs moins rudes, serait l’égalité des conditions. Cependant, il présente l’idée que dans un peuple aristocratique, composé de plusieurs castes, tous les hommes ne se ressemblent pas car "ils n’ont point la même manière de penser ni de sentir" (p.230). Or, le seul lien qui, selon l’auteur, les unirait, serait d’ordre politique. Pourrait-on peut-être rattaché ce propos à l’idée de passion profonde pour Tocqueville.
    Il prend en exemple, les institutions féodales pour montrer qu’à leur époque, la "sympathie" n’existait pas entre un vassal et son seigneur car ils n’étaient point égaux dans l’espèce humaine, ce qui faisait dès lors, de la sympathie, régnait seulement entre les gens semblables.
    Tocqueville s’interroge donc sur les différences entre le XVIIème siècle et son époque en se posant la question suivante : "avons-nous plus de sensibilité que nos pères ?" (p.233). Il voit dès lors, que lorsque les rangs dans un même peuple, sont quasiment égaux, tous les hommes ont la même capacité à penser et à sentir (ce qui est contraire au peuple aristocratique dont Tocqueville parle au départ). Or, le contraire se passe dans les siècles où "les hommes se dévouent rarement les uns pour les autres"(p.233), mais à l’inverse des institutions féodales, il y règne une certaine compassion envers les maux des autres.
    On pourrait se demander alors pourquoi, si les américains ont une certaine compassion, traitent-ils leurs esclaves d’une manière qualifiée de rude ? C’est ce dont Tocqueville explique après, en montrant que les maîtres, n’ont aucune pitié envers leurs esclaves, car le mal qui touche ces derniers, ne les touche en rien. C’est pour cette raison quel’auteur conclue par le fait que dès lors qu’il n’y a plus d’égalité entre les hommes, ils n’ont plus aucune compassion par rapport aux douleurs des autres ; et qu’au contraire selon lui, "à mesure que les peuples deviennent plus semblables les uns aux autres, ils se montrent réciproquement plus compatissants par leurs misères" (p.235).
    C’est ainsi que dans ce premier chapitre, l’auteur démontre que dès lors que les hommes sont rangés par classes sociales, l’égalité n’existe quasiment plus.

  • L’égalité : Tome 2, 3ème partie : partie INFLUENCE DE LA DEMOCRATIE SUR LES MŒURS PROPREMENT DITES – Chapitre V « comment la démocratie modifie les rapports du serviteur et du maître » P246-257

    18 février 2012, par Emilie Devaux

    Dans ce chapitre, Tocqueville ne définit pas l’égalité des conditions en démocratie mais s’intéresse aux rapports entre serviteurs et maîtres. Le lecteur est amené aussitôt à s’interroger sur l’existence même d’une égalité des conditions en démocratie. En effet, selon la Déclaration des Droits de l’Homme, peut-il exister un rapport serviteurs et maîtres en démocratie ? Alors que le gouvernement américain défend l’idée d’égalité, pourquoi un citoyen américain évoque-t-il « l’attitude du supérieur et de l’inférieur » ? (Tome 2, p.246).
    Afin de définir ce rapport dans une société démocratique, Tocqueville commence par préciser celui-ci dans les sociétés aristocratiques. L’aristocratie établit une « inégalité permanente des conditions » (Tome 2, p.248) qui influe sur toutes les formes d’égalité qui pourraient se développer. Les peuples aristocratiques instaurent ainsi un « prodigieux empire sur les opinions, les habitudes, les mœurs de ceux qui lui obéissent » (Tome2, p.249). Cette hiérarchie étant héréditaire, elle est inscrite dans les mœurs et acceptée par les deux parties : que ce soit la hiérarchie externe – entre maîtres et serviteurs – ou la hiérarchie interne aux deux classes. Et si l’inégalité est bien existante, Tocqueville met en évidence une particularité de ce lien de domesticité permanent : « le temps finit par les lier ensemble ». Ainsi, le maître et le serviteur « s’assimilent » par la vie en communauté, ils ne forment plus qu’une unité indissociable et portent de l’intérêt les uns pour les autres (Tome 2, p.249).
    L’auteur met alors en exergue une différence fondamentale entre la démocratie et l’aristocratie : la démocratie offre l’égalité mais elle voit en parallèle se développer une forme d’individualisme par son désir d’indépendance et de liberté.
    Mais la démocratie a-t-elle aboli le lien de domesticité ? Selon Tocqueville, l’égalité des conditions est « un fait superficiel et apparent » en Amérique. Il affirme qu’ « on n’a point encore vu de sociétés où les conditions fussent si égales, qu’il ne s’y rencontrât point de riches ni de pauvres ; et, par conséquent, de maîtres et de serviteurs » (Tome 2, p.246), mais pour autant il nuance son propos par l’affirmation de l’existence de ces deux classes. L’inégalité existe donc en démocratie ; cette dernière a cependant modifié les rapports entre serviteurs et maitres qui s’appuient désormais sur une mouvance des classes, il n’y a pas plus de perpétuité dans le commandement que dans l’obéissance. L’égalité s’établit à toutes les échelles, c’est-à-dire qu’elle estompe l’antinomie des classes et qu’elle permet l’égalité interne des classes. Cette égalité offre alors une possible évolution dans l’échelle sociale.
    Si égalité il y a, sur quoi se fonde le lien de domesticité en démocratie ? Tocqueville insiste sur le fait qu’il n’y a pas d’infériorité d’une des classes mais que le rapport serviteurs et maîtres relève d’un « accord momentané et libre de leurs deux volontés » (Tome 2, p.252) ; ce rapport s’oppose alors à l’esclavage. La hiérarchie n’existe donc que dans les limites du contrat, en dehors, les hommes sont des citoyens égaux. Cette idée est incarnée par l’opinion publique qui, par sa passion pour l’égalité, tend à relativiser les distances créées par l’opposition réelle des conditions (entre pauvreté et richesse, ou entre obéissance et commandement). Tocqueville démontre qu’en démocratie, si l’inégalité des conditions existe, la toute puissance de l’opinion publique influence les esprits en promouvant le droit à l’égalité pour tous. Ainsi, les serviteurs réprouvent toute supériorité et cela crée le désordre dans la société, « nul se sait précisément ce qu’il est, ni ce qu’il peut, ni ce qu’il doit » (Tome 2, p.257). Cette dérive conduit l’état démocratique à un état révolutionnaire.

  • L’égalité donne naturellement aux hommes le goût des institutions libres

    17 février 2012, par Gladys Sempiana

    Dans ce chapitre, Tocqueville dresse le portrait de « l’égalité des conditions ». Celle-ci « rend les hommes indépendants les uns des autres » et les dispose « à considérer d’un œil mécontent toute autorité, et leur suggère bientôt l’idée et l’amour de la liberté politique ». Tocqueville définit l’égalité comme une passion qui envahit le cœur des hommes, les influence et leur fait convoiter la liberté. Ainsi l’homme libre ne supporte pas qu’un autre individu se place au-dessus de sa condition sociale et ne tolère que « le gouvernement dont il a élu le chef et dont il contrôle les actes ». Cette passion pour l’égalité, conduit les hommes vivant au sein d’une société démocratique à se diriger vers un nouveau mode de fonctionnement politique « les institutions libres », qui favorisent « l’égalité des conditions ».
    Cet amour profond pour l’égalité entraine certains effets négatifs. En effet, Tocqueville explique que le système démocratique ne permet pas une égalité totale sur le plan social ce qui provoque une division du « corps social », causée par la forte volonté d’ « indépendance des hommes ». De plus, cette envie inconditionnelle de liberté qui peut conduire les hommes à « l’anarchie » aboutit à la notion de servitude. Sans même le savoir, l’homme qui ne cherchait qu’à être libre et égal à tout homme se contraint lui-même à l’isolement et de ce fait il devient dépendant des autres.

  • L’égalité

    16 février 2012, par Fanny Gratton

    Les États-Unis, perçus comme le modèle de démocratie à part entière, a frappé les civilisations européennes par l’enrichissement culturel qu’il répand. La science, la littérature et les arts font partis des grandes aubaines que le modèle américain prône. C’est ainsi qu’il devient aux yeux du monde ’’ un résultat naturel et inévitable de l’égalité ’’. Mais de quelle égalité s’agit-il ?
    Tocqueville parle ici de l’égalité culturelle : ’’ le goût des plaisirs de l’esprit ’’, ’’ ce besoin intellectuel ’’ s’éprend que chez certaines nations qui s’initient à ’’ développer en tous sens l’esprit humain ’’ . Néanmoins, l’égalité démocratique des Américains ne concentre son esprit que sur ’’ la terre ’’, autrement dit sur les ’’ choses purement matérielles ’’. Comment détourner alors l’esprit ’’ vers le ciel ’’ pour prêter véritablement attention au monde culturel et subtil ? En réalité, selon Tocqueville, l’égalité et ’’ les travaux, les plaisirs de l’intelligence ’’ ne vont pas de pairs, comme si l’individualité ne permettait pas de favoriser l’art et le beau. Mais de quel art s’agit-il ?
    Afin d’avoir une ’’ complète et éternelle égalité ’’entre les individus, la meilleure des solutions est de ’’ donner à tous d’égales lumières et une égale indépendance ’’ pour que chacun puisse utiliser son intelligence à sa guise. En effet, bien que l’esprit humain se concentre particulièrement sur les biens matériels, il a également la faculté plus hésitante de ’’ s’élever naturellement vers l’infini, l’immatériel et le beau ’’. Pourquoi alors, les citoyens n’écoutent pas la nature profonde qui sommeille en eux ? Pourquoi ne suivent-ils pas leurs instincts premiers et chercher en eux-mêmes leur propre quête du beau ?
    Ce n’est que par l’usage de son intellect, par ’’ quelques regards avides et furtifs dans le monde supérieur de l’intelligence ’’ que l’individu pourra se sortir de l’égalité formelle qui réside dans la société démocratique. Ainsi, il pourra, en quelque sorte, sortir du moule social pour se créer son propre territoire culturel, comme s’il se fabriquait une carte d’identité qui ferait de lui un individu unique . Par conséquent, que l’on soit issu d’une société démocratique ou d’une société aristocratique, les individus appréhendent et ’’ cultivent à leur manière ’’ les sciences, les lettres et les arts.

  • L’égalité

    16 février 2012, par Marine Lauret

    Etude du chapitre 13, troisième partie du tome II :

    Comment l’égalité divise naturellement les Américains en une multitude de petites sociétés particulières


    (p. 297-299)._ Tocqueville ne donne pas de définition de l’égalité, mais il montre une des conséquences des institutions démocratiques et de l’égalité. Il oppose deux modèles sociaux : l’aristocratie et la démocratie. En aristocratie, dans une même classe sociale, « les hommes se pratiquent forcément tous les jours ». En revanche, les différentes classes ne se côtoient pas. La notion d’égalité est présente au sein d’une même classe mais elle n’existe pas dans le rapport des classes entre elles. On pourrait penser qu’en démocratie, étant donné qu’il n’y a pas de classes sociales, les individus créeraient des liens entre eux. Or, c’est le contraire qui s’établit, l’égalité conduit à l’isolement, « chacun cherche à se mettre à l’écart, de peur d’être entraîné malgré soi dans la foule ». Les citoyens ne trouvent aucun intérêt à se rassembler, ne prennent aucun plaisir à se côtoyer car ils sont tous semblables. « Chacun d’eux reconnaît volontiers tous ses concitoyens pour ses égaux, mais il n’en reçoit jamais qu’un très petit nombre parmi ses amis et ses hôtes ». Les citoyens ont tendance à se retrancher dans de petits cercles privés, à se rassembler ensemble selon « la ressemblance accidentelle des opinions et des penchants », ce qui crée « un grand nombre de petites associations privées au milieu de la grande société politique ». Les individus n’échangent pas entre eux, ils se supportent dans « des assemblées politiques et des tribunaux » mais préfèrent s’éviter ailleurs. En démocratie, l’individu a peur de se perdre dans la masse, d’être pris pour un tout et non pour une personne unique. Ceci a pour mauvaise conséquence d’après Tocqueville l’isolation et le rejet de l’autre.

  • L’égalité - Etude de l’avertissement du Tome II de Tocqueville p.7-9

    16 février 2012, par Pauline Augiron

    Tocqueville, à travers son avertissement, ne définit pas réellement ce qu’est l’égalité. En effet, il s’intéresse davantage à décrire son travail, ainsi qu’à expliquer les raisons de ses choix. Tocqueville ne considère pas l’égalité comme « la cause unique de tout ce qui arrive de nos jours », car ce serait donner une vision trop « étroite » de cette notion. Il peut y avoir des « faits étrangers ou même contraires » à l’égalité dans une société, comme « l’origine de ses habitants » ; « la religion de ses premiers fondateurs » ou encore « leurs habitudes antérieures ». Tocqueville est bien conscient de tous ces facteurs ainsi que de leur importance, mais il décide de ne pas les prendre en compte dans son étude. Il fait le choix de se consacrer à l’égalité et d’analyser ses répercussions sur la société, de « voir en quelle partie l’égalité avait modifié les uns et les autres ». Tocqueville pense qu’il ne serait pas « désirable ni sage » de lutter contre la révolution démocratique. On pourrait s’étonner en ce sens, de le voir employer « des paroles si sévères » concernant les sociétés démocratiques qu’à crée cette révolution. Tocqueville se justifie en expliquant qu’il n’est pas un « adversaire » de la démocratie, et que c’est pour cette raison qu’il agit de cette façon. Il ne se place ni en ennemi, ni en ami vis-à-vis de la démocratie. Dans sa démarche, Tocqueville souhaite agir différemment de ceux qui annonceraient « les biens nouveaux que l’égalité permet aux hommes », et cela car ils seraient nombreux à défendre cette idée. A l’inverse, peu de personne se tournent vers « les périls dont elle les menace », et c’est ce qu’il va choisir d’analyser. Pensant les avoir découverts, il n’a pas souhaité les taires. Tocqueville à la volonté d’être impartial. Il a, pour cela, détruit tous les sentiments favorables ou contradictoires que pouvaient lui inspirer l’égalité. Cependant, l’impartialité chez Tocqueville est une notion qui ne va pas de soi. On pourrait se demander sur quoi porte cette impartialité ? Tocqueville n’est peut-être pas impartial, mais il veut ouvrir les yeux de ses lecteurs. Dans son œuvre, il aborde plusieurs sortes d’égalité. Dans ce passage, il ne parle pas d’une égalité en particulier, mais de toutes celles qu’il aborde dans « De la Démocratie en Amérique ». Dans son avertissement, Tocqueville ne définit par ce qu’est l’égalité, mais aborde les dérives de celle-ci. Il montre qu’il existe des sentiments, des opinions et des facteurs contraires à l’égalité. La notion d’égalité peut être dangereuse pour la société et ses citoyens, car d’un côté elle promet aux hommes des biens nouveaux, mais elle peut aussi devenir une menace. Tocqueville examine ainsi les conséquences de l’égalité et met en garde ses lecteurs contre les dérives de celle-ci.