4 façons de penser l’égalité des conditions :

juridique : renvoie à la Déclaration : tous les hommes sont égaux en droit.

  • sens philosophique : il n’y a plus de différences d’essence entre les êtres, il n’y a pas de supériorité innée.
  • sens sociologique :renvoie à une société mue par l’industrie ; lorsque l’industrialisation s’accélère, que les richesses produites sont concentrées, l’égalité de droit ne suffit plus à assurer l’égalité des conditions.
  • psychologique : il y a un désir d’égalité, parfois plus puissant que le désir de liberté, d’où un certain nombre de tensions qui ouvrent des voix politiques différentes. La passion pour l’égalité, d’après Tocqueville est plus forte que le désir de liberté.

Il y a une opposition fondamentale chez Tocqueville entre l’aristocrate chez lui, dans sa société et le citoyen dans la démocratie. Ce dernier est à la fois indépendant et fier de sa liberté au sein de la société et faible en même temps, car ce qui fait loi, c’est le nombre, c’est la majorité. Ainsi, l’individu se tourne vers la majorité, qui est la force, et cela mène au conformisme.

Ainsi, Tocqueville s’interroge sur l’égalité comme ressort une possible d’une nouvelle servitude : on peut concevoir une société où les hommes se sentant semblables, vivant dans l’égalité, ne seraient pas libres et vivraient tous égaux sous le pouvoir qu’eux-mêmes pensent s’être donné, puisque, étant égaux ils se retrouvent dans un pouvoir tutélaire (voir fin du tome 2), et pour lui, la démocratie brise la chaîne du social : « Chaque classe venant à se rapprocher des autres et à s’y mêler, ses membres deviennent indifférents et comme étrangers entre eux. L’aristocratie avait fait de tous les citoyens une longue chaîne qui remontait du paysan au roi ; la démocratie brise la chaîne et met chaque anneau à part. À mesure que les conditions s’égalisent, il se rencontre un plus grand nombre d’individus qui, n’étant plus assez riches ni assez puissants pour exercer une grande influence sur le sort de leurs semblables, ont acquis cependant ou ont conservé assez de lumières et de biens pour pouvoir se suffire à eux-mêmes. Ceux-là ne doivent rien à personne, ils n’attendent pour ainsi dire rien de personne ; ils s’habituent à se considérer toujours isolément, ils se figurent volontiers que leur destinée tout entière est entre leurs mains. Ainsi, non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains ; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre coeur. »

DEUXIÈME PARTIE, INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LES SENTIMENTS DES AMÉRICAINS, CHAPITRE II. - De l’individualisme dans les pays démocratiques

La passion pour l’égalité

Qu’est-ce que la passion pour l’égalité chez Tocqueville ? Une partie de la réponse se trouve dans le 3ème chapitre de la Première partie (Conséquences politiques de l’état social des Anglo-Américains) : « Il y a en effet une passion mâle et légitime pour l’égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands ; mais il se rencontre aussi dans le coeur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. »

La passion pour l’égalité n’a donc rien à voir avec un goût pour la justice ni avec une empathie pour ceux qui souffrent d’être au bas de l’échelle sociale. La passion pour l’égalité est celle qui a placé l’individu en son centre, et cet individu ne veut personne au-dessus de lui.

Corpus :

Tome 1 :

Introduction : 11 occurrences

Première partie :

chap III :

Que le point saillant de l’état social des Anglo-Américains est essentiellement d’être démocratique = 7 occurrences. p. 94-102
Conséquences politiques de l’état social des Anglo-Américains = 7 occurrences p. 103-105

Deuxième partie :

Chap X :

(* Position qu’occupe la race noire aux États-Unis ; dangers que sa présence fait courir aux blancs = 6 occurrences p. 498-529)

Tome 2 :

Première partie : INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LE MOUVEMENT INTELLECTUEL AUX ÉTATS-UNIS

* CHAPITRE II. - De la source principale des croyances chez les peuples démocratiques = 8 occurrences p. 20-25.

CHAPITRE V. - Comment, aux États-Unis, la religion sait se servir des instincts démocratiques = 7 occurrences p. 36-47.

CHAPITRE VIII. - Comment l’égalité suggère aux Américains l’idée de la perfectibilité indéfinie de l’homme = 3 occurrences mais chap important vu son titre. P. 52-54.

CHAPITRE IX. - Comment l’exemple des Américains ne prouve point qu’un peuple démocratique ne saurait avoir de l’aptitude et du goût pour les sciences, la littérature et les arts = 4 occurrences. P. 55-61.

CHAPITRE XVI. - Comment la démocratie américaine a modifié la langue anglaise = 8 occurrences P. 94-102.

CHAPITRE XVII. - De quelques sources de poésie chez les nations démocratiques = 5 occurrences. P. 103-111

DEUXIÈME PARTIE : INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LES SENTIMENTS DES AMÉRICAINS

CHAPITRE PREMIER. - Pourquoi les peuples démocratiques montrent un amour plus ardent et plus durable pour l’égalité que pour la liberté = 34 occurrences p. 137-142.

CHAPITRE IV. - Comment les Américains combattent l’individualisme par des institutions libres = 5 occurrences p. 148-153.

CHAPITRE XIII. - Pourquoi les Américains se montrent si inquiets au milieu de leur bien-être = 7 occurrences p. 190-194.

TROISIÈME PARTIE, INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LES MOEURS PROPREMENT DITES

CHAPITRE PREMIER. - Comment les moeurs s’adoucissent à mesure que les conditions s’égalisent = 4 occurrences p. 229-235.

CHAPITRE V. - Comment la démocratie modifie les rapports du serviteur et du maître = 7 occurrences p. 246-257.

CHAPITRE XI. - Comment l’égalité des conditions contribue à maintenir les bonnes moeurs en Amérique = 8 occurrences p. 282.

CHAPITRE XII. - Comment les Américains comprennent l’égalité de l’homme et de la femme = 2 occurrences p. 291-296.

CHAPITRE XIII. - Comment l’égalité divise naturellement les Américains en une multitude de petites sociétés particulières = 2 occurrences p. 297-299.

CHAPITRE XIX. - Pourquoi on trouve aux États-Unis tant d’ambitieux et si peu de grandes ambitions = 10 occurrences p. 334-341.

CHAPITRE XXI. - Pourquoi les grandes révolutions deviendront rares = 12 occurrences . p. 345-361.

CHAPITRE XXII. - Pourquoi les peuples démocratiques désirent naturellement la paix,, et les armées démocratiques naturellement la guerre = 6 occurrences. p. 362-370.

QUATRIÈME PARTIE, DE L’INFLUENCE QU’EXERCENT LES IDÉES ET LES SENTIMENTS DÉMOCRATIQUES SUR LA SOCIÉTÉ POLITIQUE

CHAPITRE PREMIER. - L’égalité donne naturellement aux hommes le goût des institutions libres = 5 occurrences - p. 395-396.

CHAPITRE II. - Que les idées des peuples démocratiques en matière de gouvernement sont naturellement favorables à la concentration des pouvoirs = 5 occurrences - p. 397-401.

CHAPITRE III. - Que les sentiments des peuples démocratiques sont d’accord avec leurs idées pour les porter à concentrer le pouvoir = 7 occurrences p. 402-406.

CHAPITRE IV. - De quelques causes particulières et accidentelles qui achèvent de porter un peuple démocratique à centraliser le pouvoir ou qui l’en détournent = 14 occurrences p. 407-414.

CHAPITRE V. - Que parmi les nations européennes de nos jours, le pouvoir souverain s’accroît, quoique les souverains soient moins stables = 8 occurrences p. 415-430.

CHAPITRE VII. - Suite des chapitres précédents = 13 occurrences p. 439-450.

AVERTISSEMENT = 6 occurrences Tome 2 p. 7-9.