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A propos de l'auteur

  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

Travail à destination des étudiants de L2 (promotion 2014-2015).

Vous ferez un compte rendu critique (méthodologie vue en cours) de l’article suivant, disponible sur CAIRN à partir de l’ENT :

Naugrette Florence, « Le mélange des genres dans le théâtre romantique français : une dramaturgie du désordre historique », Revue internationale de philosophie 1/ 2011 (n° 255), p. 27-41

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Source de l’image : Passerelles

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  • Le drame romantique

    18 décembre 2014, par SYLVIA DA SILVA ILANGWA

    Dans cet article intitulé : « Le mélange des genres dans le théâtre romantique français ; une dramaturgie du désordre historique » Florence Naugrette nous fait comprendre que le drame romantique est issue des mouvements contestataires des avant- gardes. Il s’est établit et légitimé dans un contexte historique qui lui était propice : la révolution française. En nous replongeons dans le contexte historique de la naissance du drame romantique, elle établit le parallèle avec les revendications sociales et politiques des révolutionnaires et la volonté de renouveau dans la dramaturgie. Le rejet des canons de l’esthétique classique, est le reflet d’un refus de la hiérarchisation sociale existante dans l’ancien régime et ce rejet est perçu par les pouvoirs publics comme une forme de subversion politique et de désordre social. Les romantiques cherchent à abolir les privilèges des grands. Les frontières entre les différentes classes doivent être abolies et le public doit s’unifier autour d’un théâtre accessible à tous. Ce qui se révèle être une pure utopie.
    Résumé :
    L’on suppose que l’esthétique classique est bouleversée par l’arrivée d’un nouveau concept qui se caractérise par « le mélange des genres ». Victor Hugo dans la Préface de Cromwell, s’étale largement sur cette nouvelle esthétique qualifiée de romantique mais nous nous demanderons pourquoi ce mouvement perdure au-delà de la révolution française et revêt une ampleur considérable en France.
    Replaçons cette évolution dans son contexte historique. De la même manière que la révolution française met fin, au despotisme de Louis XIV, et bouleverse les institutions françaises, la loi Le Chapelier révolutionne les institutions théâtrales en mettant fin aux prérogatives étatiques sur le théâtre. Au travers des subventions, le contrôle des répertoires théâtraux pouvait s’exercer et la dichotomiques du tragique et du comique pouvait se perpétuer. Certains genres étaient réservés à un public exclusif dans des salles prestigieuses et d’autres genres à un public populaires dans des salles populaires. Cette loi déstructure les principes garants de la hiérarchisation sociale, et esthétique, mais ouvre une brèche pour une place intermédiaire accordée aux bourgeois. Le drame bourgeois apparait, accompagné d’un foisonnement de toute espèce de genre dit populaire tel le vaudeville. Suite à cette démocratisation du théâtre, on aboutit selon P-J Audouin à une dépravation des mœurs et à une subversion de l’ordre républicaine. Plusieurs décrets incitatifs à l’apologie de l’esprit révolutionnaire sont votés mais ne suffisent guère à calmer cette forme de déchéance théâtrale. Napoléon, au moyen de nouveaux textes abrogeant les libertés précédemment accordées finit par restituer l’élitisme social. C’est pourquoi Victor Hugo s’insurge contre le partage net qui délimite les frontières entre les genres nobles de la classe privilégiée et les sous genres de la basse classe. Même si il faut attendre la loi de liberté industrielle de 1864, pour que la liberté théâtrale s’instaure, les traces d’émancipation sont présentes car l’opéra-comique et le vaudeville se trouvent légitimés.
    Le drame romantique n’a fait que bénéficier des avancées réalisées par les précurseurs du mélange des genres. Hernani ou bien encore les mélodrames de Pixerécourt ne sont que les ramifications d’une contestation déjà engagée contre les règles spatio-temporelles mais aussi les règles de bienséances de la dramaturgie classique. Mais le problème ne se situe pas au niveau des infractions aux règles, des représentations hors normes, dans les salles populaires, mais plutôt au niveau de leurs transpositions dans des scènes prestigieuses. N’oublions pas que la mixité des classes sociales est un phénomène marquant de l’époque post révolutionnaire. Désormais le bourgeois rivalise avec l’aristocrate au grand théâtre, de même qu’un ouvrier peut rivaliser avec le bourgeois. De plus, la nouvelle configuration théâtrale permet une liberté d’expression plus grande, les commentaires « aux allusions politiques » accentuent la polémique et désapprobation du public. Les anti- romantiques finissent par voir dans ce changement, une « dramaturgie du désordre » et du débordement. L’incohérence comportementale et discursive des caractères bouleversent non seulement les idéaux moraux, la bienséance morale, et surtout les pouvoirs publics qui pensent que ses représentations portent en eux les germes de la dissidence. Le mixage du public quant à lui n’est qu’un concept idéalisé, car les salles privées ne reçoivent pas les subventions nécessaires à leur pérennité
    Dans la tragédie classique, ou le mélodrame, le héros violent, ou le système représentant cette violence était vouée à une chute certaine au moment du dénouement. La providence rectificatrice, moyen utilisé contre les parjures faits à l’individu, à la société, à l’Etat ou à l’église, éliminait cette violence intrinsèquement liée à la rébellion. Pourtant, la violence atteint son paroxysme dans le drame romantique car aucune action réparatrice ne vient l’estomper. En plus de cela, la société toute entière est mise en accusation car elle est accusée de participer à cette violence gratuite et injustifiée. Le crime de Lorenzaccio est inutile, de même la révolution française parait l’être au moment de la Restauration puisque le totalitarisme revient. La scène n’est alors que l’exutoire d’une réalité en apparence « anachronique ». Le présent s’appréhende mieux par l’évocation du passé. Le théâtre historique, instrument de propagande, se démarque totalement du drame historique romantique qui au contraire questionne les systèmes perpétuant la violence. La critique supporte mal la monstration de la violence qui s’apparente à une rébellion politique, sociale et esthétique. Les digressions aux règles de la dramaturgie classique devaient s’arrêter au spectacle de la foire ou aux scènes des mélodrames mais surtout pas franchir le seuil des scènes officielles.
    Nous voyons ainsi que l’idéal social et politique d’un peuple réunit autour d’un même théâtre s’écroule. La discrimination sociales et esthétique perdure, et la censure sévit durant le Second Empire, même si une place considérable à été faites aux bourgeois désormais dominants. L’homogénéité des spectateurs, recherchée par les auteurs romantiques n’est qu’une utopie anti- discriminatoire.
    Le drame romantique, nous a expliqué Florence Naugrette, n’est pas simplement le fruit d’un mélange de genres survenu soudainement. Il est la résultante d’un mouvement entrepris préalablement par les contestataires des règles esthétiques classiques. Le drame romantique découle également d’un contexte socio-politique. C’est-à-dire un moment de l’histoire de France ou les mouvements sociaux, culturels et politiques plaçaient la violence au cœur même du pouvoir. On évoquant le passé pour comprendre le présent, les auteurs du drame romantique cherchaient à éveiller les consciences. Leur ambition d’une société égalitaire passait par une fragmentation de la dramaturgie classique, la monstration de la violence, forme d’insurrection contre le pouvoir totalitaire exerçant la censure et l’élitisme social. Le retour vers le passé, que fait Naugrette en contextualisant le drame romantique, s’assimile à la démarche que font les auteurs. Parcourir le passé se présente ainsi comme forme réflexive de la pensée qui permet de mieux appréhender le présent.

  • Le drame romantique

    L’article que nous analysons est un article didactique intitulé « Le mélange des genres dans le théâtre romantique français : une dramaturgie du désordre historique » écrit par Florence Naugrette et publié dans la Revue Internationale de Philosophie de janvier 2011. Dans cet article, Florence Naugrette nous présente le contexte socio-politique post révolutionnaire pour aborder cette spécificité du théâtre de l’époque caractérisée par la mise en place, de l’abrogation, puis de la réinstitution d’un cloisonnement des genres pour mieux définir ce qu’est un drame romantique.
    L’article est structuré comme suit : tout d’abord elle évoque la hiérarchie des genres et de l’ordre social afin de s’intéresser dans une seconde partie au mélange des genres et au brassage social : l’utopie d’un public uni. Ensuite, elle se dirige vers la dramaturgie romantique du désordre afin de mettre en évidence la violence de l’histoire et le triomphe du mal dans cette dramaturgie romantique. Nous verrons que Florence Naugrette dans cet article s’attache a un souci d’objectivité afin de nous faire comprendre au mieux ce qu’est le drame romantique.
    Florence Naugrette dit que le drame romantique n’est pas nouveau, c’est une nouvelle forme pour avoir une meilleure représentation de sa classe au théâtre. Le drame romantique est une perturbation qui engendre un éclatement de l’esthétique du théâtre notamment avec la révolution légale qui est celle de la loi Le Chapelier en 1791. Florence Naugrette explique que cette loi abroge les privilèges des théâtres. En réalité, ce que permettait désormais la loi Le Chapelier existait déjà mais dans l’illégalité. Ceci entraîne une évolution lente du théâtre. On rend ce qui est déjà là réel grâce a la loi et a la médiatisation. Suite a la loi, il y a beaucoup de créativité (vaudeville, féerie) et selon les autorités, ceci est dangereux et peut nuire a la politique de l’époque. Plusieurs décrets amorcent un rappel a l’ordre on paie ceux qui font du théâtre allant dans le sens du régime politique de l’époque. Avec ses décrets de 1806-1807, Napoléon Bonaparte, rétablie les privilèges. Ainsi, on passe de 33 à 8 théâtre à Paris. Cette réduction des théâtres est un retour à l’ordre politique, car on peut mieux les surveiller du fait de leur petit nombre. Ceci étant, cela n’empêche pas une ouverture de la variété des genres, et on accepte des genres dit hybrides. C’est dans ce champ que s’élabore la doctrine romantique qui vient du mélange du genre noble, et des genres bâtards.
    La transgression grâce aux genres bâtards permet de préparer le public aux transgressions plus graves qui sont celles du drame romantique (qui se détache des règles classiques).
    L’hybridation concerne aussi les publics, et en effet, à partir de ce moment là, le public réagit. Les spectateurs sont indisciplinés, il y a même intervention de la police. Auparavant, seul l’avis des doctes comptait. S’opère alors un véritable changement avec la prise en compte du public et de son avis. Il y a donc ambition de mettre fin à la ségrégation des genres et du public.
    Vouloir révolutionner le mélange des genres va peut être amener l’inadéquation, dans le langage par exemple. La censure était contre le mélange des genres, car il présente le brouillage des valeurs. Le mélange des genres, c’est aussi le mélange des publics. Il y a une volonté que tous les genres s’adressent à tous les publics. S’est opérée la recherche vaine d’un public élitaire.
    Dans le genre classique, le mal ne triomphe pas, il y a un retour à l’ordre qui s’impose après la mise en danger de la société. Dans le romantisme, il y a une fascination pour le mal, et le public ne repart pas en paix. Le crime n’est pas une conséquence, mais un déterminisme social. La cause du mal serait donc la société elle même. Aucun retour à l’ordre n’est possible, et il y a en effet plutôt un retour à ce qui était rejeté. Elle évoque un « rapport traumatique au passé » et explique que pour comprendre le présent, il faut avoir questionné le passé, et ensuite questionner le présent. Les auteurs de l’époque se servent du passé de manière anachronique pour provoquer la politique. C’est une chose que nous ne pouvons pas comprendre parce que cette séparation des genres et des publics n’existe plus de nos jours, et nous savons désormais à quel genre nous attendre.
    A travers cet article, Florence Naugrette tend à l’objectivité historique afin d’énoncer clairement des vérités historiques cependant nuancées par les quelques jugements de valeur qui ponctuent le texte.
    La dimension didactique est perceptible grâce à l’abondance des connecteurs logiques qui structurent le texte, ce qui facilite sa compréhension. Le style est donc clair, mettant son propos à la portée de tous : gardons à l’esprit qu’il s’agit d’un article littéraire, d’une démarche d’historienne, et d’une revue philosophique.