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A propos de l'auteur

  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

Accueil || Petits Lecteurs || Lire au cycle 3 || Murmure de Christian Lagrange

Publié aux éditions De La Martinière Jeunesse (2007)

Présentation de l’album :

Cet album illustre comme une fable une citation de François Rabelais que l’auteur nous rappelle en dernière page et en quatrième de couverture : « La moitié du monde ne sait comment l’autre vit. »
Murmure, c’est d’abord la rencontre d’une petite fille avec une souris. Celle-ci sort d’un petit trou creusé dans un mur. Mais les enfants sont curieux et en agrandissant le trou avec son bras, la fille trouve un garçon ! Ils ne parlent pas le même langage, mais ils communiquent avec des bruits et avec leurs yeux. Fin du premier acte. Le rideau tombe pour s’ouvrir à nouveau, mais cette fois sur la guerre, à travers le quotidien de cette enfant dont la sœur est « soldate ». Le lecteur comprend alors que c’est le mur qui la protège. Mur. Mur. Murmure ? Ce qu’il y a derrière le mur n’est pas très engageant. Le lecteur pense à tous les conflits du monde. Ceux que nous voyons au journal télévisé, et qu’il faut quand même expliquer aux enfants. Ce livre est justement l’occasion d’aborder le sujet. Au cœur de l’album, il y a cette illustration en double page : fond rouge, silhouette noire, fuyante. « Pan ! Et si c’était lui ? »
Christian Lagrange n’a pas besoin de donner des noms à ses personnages. Je. Lui. Ils sont tous les enfants de la guerre. Seule la souris porte un petit nom …
Et c’est par elle que la bonne nouvelle arrive : une lettre, un dessin d’enfant, le garçon est vivant ! L’album peut être refermé. Seule reste l’ambiance inquiétante et mystérieuse de la vie derrière le mur.

Pistes didactiques :

Le texte est constitué de phrases courtes et les illustrations sont d’un style épuré. La première illustration est en double page et ne montre rien d’autre que la tête d’une petite souris, sortant d’un mur, sur un large fond gris, qui représente sans doute ce mur. C’est une image déroutante : l’espace est presque entièrement occupé par le rien, le vide, le gris. Comment dire ce rien, ce vide, ce gris ?
Dans cet album de Christian Lagrange, il suffit de deux mots pour créer une phrase : « Le vide. », « Le mur. », « La souris. ». Puis il y a la rencontre d’un visage en pleine page avec la souris de la page précédente. Comment dire cette rencontre que l’on ne voit pas ? La réponse se trouve du côté du verbe : « Tout à coup, je la vois. Je sursaute, elle sursaute. Je m’approche, elle se cache. »
En classe, il serait possible de partir de l’étonnement que peuvent susciter ces deux premières illustrations pour inciter les élèves à créer un monde imaginaire qui ferait se rencontrer la souris et la petite fille. Comment garder le style épuré de l’image dans les mots ? Tel pourrait être le défi d’une première séance autour de l’album. On s’amuserait ainsi à chercher des mots, des groupes nominaux, pour exprimer ce que l’on imagine à partir des illustrations. Après ces phases de recherches, la lecture du texte devient alors la découverte d’un possible langagier parmi d’autres. C’est la mise en scène créée par l’auteur qui rencontre celle des élèves.

- Le thème de la guerre.
Murmure peut entrer en résonnance avec d’autres album sur ce thème, tels que Otto ou Le temps des cerises.

On fera alors émettre des hypothèses aux élèves : que représente ce mur ? Pourquoi la petite fille ne sort-elle pas de chez elle ?
Un détour par l’analyse des personnages permettra d’aller plus loin. Il y a la narratrice qui dit « je » et se confie au lecteur ; la souris qui encadre l’histoire et apporte une note d’espoir, comme dans les contes ; il y a le garçon, énigmatique, étranger, qui apporte avec lui les souffrances et les espoirs de l’humanité ; et il y a la sœur, « soldate » de son état, que l’on ne voit pas mais que l’on entend : « Les gosses nous lançaient des pierres, dit-elle. Alors nous avons dû tirer. » Car le mal et les cruautés de la guerre ne sont pas seulement d’un côté du mur. Les responsables sont des deux côtés, et les enfants, eux, au milieu.

La fonction de la littérature apparaît ici clairement : elle ne sert pas qu’à divertir, amuser, plaire ou instruire. Elle est là aussi pour dénoncer et faire réfléchir. Etudier la littérature au cycle 3, c’est aussi montrer cela. Pourquoi écrire ? Christian Lagrange, avec Murmure, nous en donne une magnifique réponse.

Présentation de l’éditeur :

« La moitié du monde ne sait comment l’autre vit ».

Rabelais

Une petite fille, un trou dans le mur, une souris, et derrière la souris, un visage. Ce visage est celui d’un garçon qui ne parle pas la même langue, mais les enfants ne se comprennent-ils pas au-delà des mots et des dissemblances ?
Le mur qui séparait les deux enfants devient un terrain de jeux, un passage secret ouvrant sur un horizon incroyable de possibilités : amitié, fraternité, paix. Mais les adultes en ont décidé autrement et ont fait de ce mur une muraille, une barrière infranchissable. Pour eux, le mur n’est pas un jeu. Il représente l’incompréhension, la peur de l’inconnu, la haine... Cette guerre que se livrent les adultes, la petite fille ne la comprend pas. Elle va donc essayer de percer ce trou pour faire entrer le jour et écouter à l’autre bout du tunnel. Percer ce mystère pour entendre juste un son, celui de la souris baptisée Murmure, messagère pacifique envoyée auprès du garçon, si différent soit-il.

Ce livre, qui s’insère dans une actualité brûlante, le conflit israélo-palestinien, nous propose une réflexion étonnante sur la guerre, à travers le regard d’une petite fille. Pas de pathos néanmoins grâce à un graphisme moderne, épuré et un texte sobre et poétique pour ce constat lucide de l’état du monde contemporain... Christian Lagrange murmure à notre oreille un message d’espoir, qui touchera les enfants comme les adultes.

Christian Lagrange a une formation classique en dessin, peinture et sculpture à l’Académie Royale des Beaux Arts de Bruxelles. Il est illustrateur de presse (le Soir, De standard), et a signé une vingtaine de scénographies pour divers théâtre. Il est aussi l’illustrateur et auteur du livre pour enfants La chenille paru en 2005 aux Editions Labor (Belgique).