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A propos de l'auteur

  • Charlotte Huguet

    Étudiante en Licence de Lettres modernes à l’université de La Rochelle.

Accueil || Licence de Lettres || Tocqueville || Tome II, Chapitre XII : Comment les Américains comprennent l’égalité de l’homme et de la femme ?

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  • (|ptobr)

Dans le chapitre XII du tome II de la Démocratie en Amérique, Tocqueville traite d’une question centrale dans toutes les sociétés, l’égalité de l’homme et de la femme. Mais peut-on réellement parler d’ « égalité » ?

Selon Alexis de Tocqueville l’homme et la femme sont égaux dans le sens où ils sont tous les deux capables de raison. La femme est aussi apte à réfléchir sur certains sujets que l’homme. Il n’y a pas de rapport de supériorité mais plutôt un respect et une compréhension mutuels, une bonne entente qui favorisent la liberté et l’égalité.

Qui plus est, Tocqueville constate que l’homme et la femme s’épanouissent de manière différente et ce, en accord avec leur condition sociale et leur sexe. Ainsi la femme ne participe pas, par exemple, aux travaux dans les champs. Par contre, elle est respectée et estimée par les américains. Tocqueville donne l’exemple des voyages en train pour étayer ses propos. Selon lui, une femme américaine n’a pas à avoir peur de voyager seule en ayant recourt à ce mode de transport car elle se sait protégée. L’Etat a en effet mis en place des sanctions lourdes pour prévenir tous actes de violence à l’encontre de la femme. Les crimes les plus graves, comme les agressions à caractère sexuel sont lourdement réprimés par la peine de mort. Les Etats-Unis confèrent par là même un rôle conséquent à la femme en lui garantissant le respect de ses droits et en mettant en place des lois qui la concernent et la protègent. Ce qui, en France à la même époque, n’existe pas ou très peu. Les femmes n’ont pas le droit de s’exprimer et il est rare que la loi se pose en leur faveur. En effet, les peines prévues pour réprimer les agressions envers la gente féminine sont beaucoup plus souples. En Europe la question de la supériorité de l’homme reste prépondérante contrairement aux Etats-Unis.

Dans ce chapitre, Tocqueville analyse les raisons de cette égalité entre les hommes et les femmes. Il remarque qu’il y a une opposition fondamentale sur le plan physique entre ces deux êtres. La femme est, physiquement parlant, très différente de l’homme. Qu’est-ce qui les rend égaux alors ? Leur raison ? Pas exactement. Tocqueville s’accorde sur le fait que la femme, tout comme l’homme, est capable de raisonner, de penser les choses cependant, tous deux le font différemment. Ils ne peuvent pas être relayés au même plan puisque « l’un comme l’autre » ne possèdent pas « les mêmes fonctions », « les mêmes devoirs » ni même « les mêmes droits ». Tous deux ne sont pas égaux à proprement parlé. Ils sont égaux dans le sens où leur valeur en tant qu’individu est la même. L’un comme l’autre ont droit au respect. Ils se respectent mutuellement et sont capables d’interagir ensemble. Cependant leur rôle au sein de la société est différent. La place de la femme reste à la maison à s’occuper de l’éducation de ses enfants. Toutefois, ni l’homme ni la femme ne se retrouve enfermé dans sa condition. Chacun a un rôle prédéfini qui lui permet de s’épanouir socialement parlant.

De plus, il semblerait que les Américains se montrent davantage conciliants avec le rôle et la place de la femme dans la société. C’est un être à part entière qui bénéficie du respect d’autrui et surtout de celui des hommes. Elle est écoutée et peut donner son opinion sans avoir à craindre les foudres de son mari. Par ailleurs, en cas de relations extraconjugales, elle n’est pas la seule à être blâmée, l’homme ayant lui aussi sa part de responsabilité. En Europe, seule la femme porte le poids de la faute commise. Elle est enfermée dans sa condition et semble très bien s’en accommoder. La femme européenne semble plus proche de ce qu’on pourrait qualifier d’ « objet ». Elle est chosifiée et son importante est moindre en comparaison de celle de l’homme. En Europe, on n’accorde aucun crédit à la femme. Elle n’est pas libre, n’ayant que peu de droits. Tocqueville s’élève contre cette manière de penser et en fait une critique pour le moins cinglante. Selon ses propres mots, les européennes sont « futiles, faibles et craintives » alors que les américaines se montrent beaucoup plus fortes et véhiculent une meilleure image de la femme.

L’auteur adopte ici un point de vu quelque peu féministe en s’élevant en faveur de la femme. Il montre combien les Etats-Unis et l’Europe ont des visions opposées en ce qui concerne l’égalité entre l’homme et la femme. Le chemin qui reste à parcourir pour se rapprocher des Américains en matière de législation et de compréhension de la femme est encore long. Si les Américains ont compris l’importance de la femme au sein de leur société — Tocqueville pense en effet que la femme a grandement contribué à la mise en place de valeurs démocratiques en permettant la prospérité de la croissance américaine —, en Europe c’est encore loin d’être le cas.