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A propos de l'auteur

  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

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Travail à destination des étudiants de L1 (promotion 2014-2015).

Vous ferez un compte rendu critique (méthodologie vue en cours) de l’article suivant, disponible sur CAIRN à partir de l’ENT :

Mongin Philippe, « Waterloo ou la pluralité des interprétations », Littérature 1/ 2012 (n°165), à partir de la page 96 jusqu’à la fin de l’article

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  • Waterloo ou la pluralité des interprétations

    3 décembre 2014, par Junca-Nouzille

    Waterloo ou la pluralité des interprétations, Philippe Mougin
    Cet extrait de la revue Littérature, n°165 écrit par Philippe Mougin et publié en janvier 2012 porte sur les différentes interprétations que l’on peut faire des chapitres II à V de La Chartreuse de Parme du grand auteur du XIXème siècle, Stendhal et de la pluralité des interprétation en elle même, ces chapitres ne servant qu’à introduire cette notion.
    Philippe Mougin commence donc son analyse par mentionner très partiellement la bataille de Waterloo et la soi-disant participation de Fabrice à celle ci, le fait que ce très jeune héros traverse ce moment historique de façon si romanesque tout en étant très partiel puisqu’il ne fait que capter certains instants de cet évènement, il n’y participe pas vraiment et ainsi se questionne, selon l’auteur de cet article, il évolue et passe à un autre stade de pensée. Agé de 17 ans, Fabrice passe selon Mougin du stade d’enfant à celui d’adulte, ce que l’on peut déceler à travers la transition qui se fait dans la suite du roman entre le Fabrice d’avant et d’après bataille de Waterloo, ainsi, ses idées d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier. L’auteur de l’article passe ensuite à l’analyse de la cette narration anachronique voire inadéquate de Stendhal pour décrire les dits évènements à travers le ressenti de Fabrice. En effet, Stendhal se sert de sa narration pour exprimer ce passage à l’âge adulte et ceci seulement. Philippe Mougin invite donc le lecteur à relire les chapitre II à V de la Chartreuse pour se rendre compte que l’échec chevaleresque de Fabrice face à la bataille n’est en fait qu’un étape primordiale lors de son apprentissage de la vie.
    Vient ensuite la définition de la bataille, Mougin se sert de cette définition pour montrer le contraste qui existe entre celle ci et ce qui en est raconté dans le roman, ainsi, il remet en cause le signifié du mot « bataille », une bataille qui, comme il le dit, se définit comme un « combat général et collectif » à l’étymologie qui suggère une certaine pluralité d’individus armés mais qui, chez Stendhal, semble être une définition toute autre. La place de la bataille dans l’espace et le temps est également remise en cause chez Stendhal.
    L’auteur passe alors à la façon que Stendhal a de traiter le signifié de bataille tout au long du passage en créant comme un décalage sémantique ironique. Il introduit ainsi un personnage naïf dans un contexte militaire en accompagnant son ressenti à lui, rendant la scène tout à fait singulière et à part à travers la description des lieux, Stendhal élude l’aspect de la guerre que pour le faire apparaître les interlocuteurs de Fabrice, ce que pour Mougin, est toute l’intention de Stendhal.
    A sa relecture du texte, il remarque que les sémantiques, les signifiés, quoi que bien amenés par Fabrice, ne sont en fait pas forcément compris ou employés correctement par le jeune Fabrice qui ne sait même pas encore faire la différence entre ennemis et amis, et c’est donc la cantinière, son « mentor », qui se chargera de lui ouvrir les yeux. Philippe Mougin donne deux explications possibles au fait que l’auteur de la Chartreuse de Parme ait écrit une scène si commune en décalage avec le sens propre de bataille au profit de Fabrice : la première étant qu’il se contentait parfaitement de rendre la bataille ordinaire et la seconde n’étant autre qu’un simple moyen pour Stendhal de fausser son lecteur afin de rendre la scène plus prenante à travers son contraste. L’auteur se sert de l’exemple de Frege pour s’étendre sur le traitement inégal des significations s’appliquant à une même référence. Enfin, il donne une autre idée, celle que Stendhal donnerait raison aux idées de la cantinière, car sa pensée sert à conserver la subjectivité dans le récit.
    L’auteur se lance par la suite dans le vif du sujet avec une analyse de l’ébauche philosophique sur l’interprétation et la pluralité interprétative, en commençant par « se risquer » à définir le terme d’interprétation lui même et dit « ainsi pour nous toute action coordonnée sur un ensemble de choses pour leur attribuer des significations, en prenant des choses comme des signes même si elles n’en sont pas et en rendant plus claires, plus déterminées ou plus manifestes les significations qui s’y rencontreraient déjà » et rappelle qu’il s’agit bien de traiter la signification, l’interprétation, non pas la référence ou la vérité. Ce choix de choisir l’interprétation est assumé bien que plus difficile à cerner que la vérité. Il choisi ensuite de parler de trois spécialité, la distinction du vrai et du faux qui s’applique au travail du philologue, le diagnostique qui s’applique lui au clinicien et enfin, le recouvrement des évènements qui lui tient de l’historien, Mougin s’intéresse ici au travail du philologue qui trouve toute sa complexité dans la découverte du vrai ou du faux dans l’interprétation et rappelle que l’interprétation et la signification sont indissociables.
    On passe alors à l’activité de l’interprète qui est exposée comme des plus malléable car la signification demande juste à être découverte, qu’importe la méthode employée ainsi le travail de l’interprète n’est jamais fini. Il ajoute ensuite que ce dit travail de l’interprète est toutefois coordonné, effectivement une interprétation ne peut se baser, lors d’un jugement ponctuel, que sur un jugement déjà établi, ce qui nous amène à deux sens bien précis de l’activité d’interprète : la complexité du matériau et la cohérence de la transformation. Il qualifie enfin ces généralités « inégalement prudentes » avant d’aborder l’idée de pluralité des interprétations.
    Cette pluralité des interprétations est donc pour lui une chose très large, puisqu’elle navigue entre plusieurs éléments de diversité, celui de sur quoi porte l’action d’interprétation, celui de la façon de s’exprimer l’interprète et enfin dit-il, des « partis pris de signification ». Il explique alors que le phénomène d’interprétation s’est propagé depuis le XIXème siècle en commençant par les textes sacrés jusqu’à se répandre aux autres domaines d’activité précédemment cités, ainsi le clinicien interprète les symptômes et l’historien interprète lui les événements, ne mentionnant des faits que s’ils ont une signification. Pour illustrer l’importance de la pluralité et des partis pris de signification, il reprend l’exemple de Waterloo, l’objet d’étude étant Waterloo et son moyen d’expression l’écriture, un grand nombre d’interprétations peuvent alors coexister.
    Afin de montrer cette diversité des interprétations et leur façon de coexister, il cite plusieurs thèses possibles : la thèse sceptique, la thèse relativiste ou encore la thèse rationaliste. Afin de montrer l’importance des interprétations communes d’un même évènement en opposant Stendhal à Clausewitz dans leur façon de relater les faits tout en gardant un même schéma : favoriser les actions humaines, puis ne prendre en compte que les acteurs représentatifs et enfin se limiter à des actions représentatives de ces dits acteurs, l’interprète est par la suite chargé de spécialisé son interprétation. Philippe Mougin se charge ensuite de détaillé chaque thèses cités pour en arriver à la thèse rationaliste et dire qu’« il semble évident qu’on ne puisse comparer des significations et, par leur intermédiaire, des interprétations que suivant un ordre partiel », ses critères et sa seule contrainte : la cohérence dans les attributs sémantiques multiples. Ainsi, une interprétation peut se référer à une autre interprétation tout en faisant la part de ce qu’elle a de commun avec elle, ce qu’elle n’a au contraire pas en commun avec elle et ce qu’elle peut lui apporter, la rendant plus pertinente si elle sait se justifier de ses choix d’ajouts ou de découpage.
    Avant de finir son développement, il en revient à la Chartreuse de Parme de Stendhal et sa bataille de Waterloo, l’opposant toujours à Clausewitz et dit que selon une des lectures possible du passage sur Waterloo que Stendhal emploierait une sémantique bien à lui qui se rapproche de l’évitement, laissant le lecteur interpréter lui même ce qu’il lit.
    Il conclu alors que le travaille d’interprétation n’est jamais vraiment fini car une interprétation ne peut être toujours la même et que l’interprétation dans toute sa pluralité interprétative qu’il dit hiérarchisée, laisse place à une autre activité : l’explication.
    En définitive, ce que l’on peut donc tirer de ce texte de Philippe Mougin à travers ce développement qui ne fait que progresser : en partant de l’interprétation d’un cas précis, celui de la bataille de Waterloo dans La Chartreuse de Parme en passant en revue son signifié, jusqu’à en arriver à la pluralité interprétative elle même. L’auteur ne cherche ici qu’à expliquer ce qu’est une interprétation et le fait qu’une telle chose ne peut être isolée d’autres interprétations, toutes différentes et traitées de façons différentes, ce qui est une chose qu’il défend grandement au fil de son développement.
    Pernelle JUNCA et Eva NOUZILLE

  • Waterloo ou la pluralité des interprétations

    1er décembre 2014, par ROBIN Coralie LMANG 1

    « Waterloo ou la pluralité des interprétations »1 est un article paru en 2012 par Philippe Mongin. Philippe Mongin fait entrer son lecteur dans l’univers de la bataille de Waterloo, bataille qui fascine l’histoire comme la littérature depuis longtemps. En passant en revue les différentes interprétations de la bataille de Waterloo dans la littérature, La Chartreuse de Parme est, selon lui, l’interprétation la plus originale. Il découvre alors chez Stendhal « un théoricien de la sémantique » avant l’heure. L’article étudie en détails les différentes interprétations de la bataille de Waterloo par Clausewitz et Stendhal, avant d’interroger les concepts d’interprétation et de pluralité interprétative.
    La bataille de Waterloo est un objet d’étude contesté et qui fascine, à commencer par l’empereur lui-même. Philippe Mongin reconnait le talent de Stendhal dans son interprétation de la bataille, malgré une liberté abusive dans la géographie et une vision par Fabrice rigoueusement impossible. La « fantaisie littéraire » illustre tout de même un point de vue possible sur la bataille. Néanmoins, cette bataille permet au jeune novice une progression de savoir au cours de « l’extraordinaire journée » du 18 Juin. Pour Philippe Mongin, Stendhal s’est amusé à faire miroiter une diversité interprétative, il abandonne contrairement à Clausewitz le côté rationnaliste. La bataille de Waterloo lui sert d’instrument à une exploration sémantique.
    Philippe Mongin donne par la suite une définition du mot « bataille » qui implique par définition une pluralité. L’exploration sémantique de Stendhal dans La Chartreuse de Parme interroge de manière critique la signification reçue de « bataille », la bataille de Waterloo sert de test pour Stendhal. La bataille se déroule en un lieu et un moment donné : le 18 Juin 1815, entre la colline du Mont-Saint-Jean et les fermes environnantes, depuis 11h30 jusqu’au coucher du soleil. La bataille implique également une mise à l’épreuve, mise à l’épreuve que Fabrice ne comprend pas, ou pas toujours. En effet, Stendhal se moque de son héros, il joue avec sa naïveté. Mais l’interprétation de Stendhal est tout de même innatendue. De part une ironie dissimulée et avec un esprit critique, Stendhal offre un décalage sémantique qui vise le sens ordinaire des mots. En réalité, la pluralité interprétative se trouve dans l’interprétation même de Stendhal. Il s’autorise la pluralité et les nombreuses interprétations possibles : une théorie de l’incertitude. Stendhal nous offre subtilement une interprétation de l’interprétation.
    Dans une ébauche philosophique, Philippe Mongin nous donne des pistes de compréhension et de refléxion sur l’interprétation et la pluralité interprétative. En nous donnant une définition, l’interprétation se raccroche à une vérité ; le vrai ou le faux. Il dinstingue également une différenciation entre la signafication et l’interprétation : l’une consistant à attibuer l’autre. Il prend donc l’exemple de l’interprète, qui à pour but de tendre à une révélation. Néanmoins, l’activité de l’interprète est discutable puisqu’elle est coordonnée sur un ensemble de choses, de ce fait, il est difficile dans certains cas de tendre vers une révélation entièrement juste.
    Discutable puisque Philippe Mongin admet une limite à la pluralité des interprétations, en effet, l’interprétation s’applique à des catégories trop diverses, et tend vers un élargissement constant. Pour Waterloo par exemple, d’inombrables interprétations cohéxistent, et l’interprétation d’un évènement historique se laisse reconstruire, chacun veut y apporter une réponse ou une idée nouvelle. Philippe Mongin décèle trois thèses pour l’interprétation : sceptique, relativiste et rationnaliste. Pour lui, quelque soit l’analyse, le récit historique tombe souvent dans une digression, qu’il qualifie de « mort du genre », et dans La Chartreuse de Parme, la narration serait brisée par tout ce qui est étranger au déroulement temporel de la bataille de Waterloo.
    Le temps ne cesse de multiplier les interprétations possibles. Philippe Mongin tente d’écarter la thèse sceptique puisque ces interprétations sont adynamiques. La thèse relativiste quant à elle fait naître une connotation de relativité, et les contraintes dans les attributions sémantiques mutiples font de la thèse rationnaliste une crainte. Par analogie, une interprétation peut se rapporter à une autre, mais c’est également une idée abstraite puisqu’une interprétation n’aurait pas de point de départ absolu. Par une démonstration mathématique, la définition de l’interprétation est concevable, certaines étant négatives, d’autres positives. En comparant Clausewitz et Stendhal, Philippe Mongin note que Stendhal lui fait preuve de passivité, et d’évitement quant à l’interprétation. Dans La Chartreuse de Parme, Stendhal y deploit une sémantique originale, comme dit précédemment, mais Philippe Mongin raccroche son point de vue de l’interprétation à la définition mathématique négative : la passivité. Néanmoins, cette passivité offre tout de même une nouvelle forme de polarité beaucoup plus abstraite.
    Dans une première partie, Philippe Mongin ne s’engage pas personnellement dans son article, il s’agit plutôt de faire une exploration de la bataille de Waterloo dans La Chartreuse de Parme. Les différends et le décalage sémantique offre à Stendhal tant de critiques que d’admiration. Dans la partie plus philosophique de son article, Philippe Mongin démontre que l’interprétation et la pluralité interprétative sont discutables, et qu’elles ont des limites. Mais malgré la multiplication des interprétations possibles, et la remise en cause de l’histoire, Philippe Mongin critique avec beaucoup de refléxion et d’objectivité la passivité et l’évitement de la technique stendhalienne, il note d’ailleurs que cette passivité donne toute son originalité à l’oeuvre.