Recherche

A propos de l'auteur

Galerie image

  • (|ptobr)

Monuments men : un film en apparence incontournable mais cachant une réalité plus décevante.

Une mise en bouche

La seconde guerre mondiale est un sujet régulièrement abordé par les réalisateurs. George Clooney fait le choix de s’en inspirer en proposant un film historique américano-allemand, Monuments men, sortie le 12 mars 2014. Il est l’adaptation cinématographique du livre Monuments Men de Robert M. Edsel en 2009. Le réalisateur a choisi un casting prestigieux, pour rendre hommage aux films d’action des années 60, réunissant entre autre Matt Damon, Cate Blanchett, Bill Murray, Jean Dujardin, John Goodman, Bob Balaban, Hugh Bonneville. Cette mise en scène marque une rupture avec ses précédents films tel que Les Marches du Pouvoir.

Une intrigue idéale...

L’intrigue reprend un aspect méconnu en pleine seconde guerre mondiale : le vol d’œuvres d’art. Plusieurs hommes se mettent alors en mission pour retrouver ces chefs d’oeuvres du patrimoine français et les restituer à leur propriétaire. Ils sont tous plus ou moins liés avec l’art et décident de s’engager, au péril de leur vie, à la recherche de toutes ces œuvres, miraculeusement disparues sans laisser de trace, appartenant à des familles juives ou des lieux protégés. Cette intrigue se présente comme étant très sérieuse sur le fond. Le sujet de la guerre est sensible et doit être présenté intelligemment !

… mais parsemée de défauts

Néanmoins cette course contre la montre pour sauver ce patrimoine français semble être longue à aboutir. En effet, l’intrigue a tendance à traîner, laissant la place à un humour de second degré, là où il ne devrait pas y en avoir. Jean Dujardin par exemple dans son rôle de Jean-Claude Clermont, mêle la dérision d’une situation qui s’apparente davantage au drame qu’à l’humour, ceci au moment même où il s’apprête à mourir à cause d’une balle tirée par des Allemands camouflés. La mort de l’homme en devient comique et l’aspect émotionnel de cette scène difficile est inexistante. Une autre scène n’est pas vraiment essentielle et apparaît comme inutile à l’intrigue : celle où Bill Murray propose des cigarettes à un jeune Allemand qui est sur le point de tirer sur son ami. Les trois hommes restent alors assis les uns en face des autres pendant le longues minutes, où rien ne se passe. Ainsi le drame n’est pas au rendez-vous, les effusions de sang que nous pourrions supposer dans un tel film, sont loin d’être en profusion mais le comique de situation lui, prend toute sa place.

Et les clichés ? Parlons-en.

Nous naviguons entre une image très « parisienne » des femmes et des hommes français pendant la guerre. La femme est là pour tenir son rôle de fille de joie et assouvir les besoins de ces hommes en plein temps de guerre qui ne peuvent se contenir loin de leur épouse. Paris est montré comme une ville sans principe, avec des hommes ne pensant qu’au plaisir des nuits parisienne et l’image de la femme incarnée dans l’unique femme du film, est une espionne qui tend à renforcer l’image de cette femme sur qui on ne peut avoir confiance et qui n’est là que pour le plaisir. A croire que la mise en avant des Etats-Unis est plus importante que celle de la France... Ceci se renforce par la rapide mort du personnage français Jean Dujardin et la mise en place du drapeau américain au-dessus de la mine avant l’arrivée des russes. A croire que ce n’est QUE grâce à eux que toutes ces œuvres ont pu être retrouvé ! De plus, George Clooney dans le rôle de l’historien Frank Stokes, ne se présente pas comme un homme de grande lutte, les échanges avec les nazis sont relativement polis, sans dispute comme si la guerre était déjà loin et la situation sereine. L’acteur et réalisateur garde cette même image qui lui tient à la peau, celle de Mister Nespresso qui est homme « chic » et qui n’a pas l’esprit d’un combattant pur et dur. Il est là pour le décor et l’image mais ne présente pas un intérêt très fort et imposant dans son rôle de chef de mission.

Quoi retenir de ce film ?

Monuments men aborde un sujet intéressant à mettre en scène mais la forme est malheureusement mal menée. Le choix des acteurs permet d’avoir de prime abord une matière très intéressante au réalisateur mais les clichés, associés à une humour mal placé, détournent le film de sa fonction première. Au final, le film se veut davantage familial. Il est intéressant à voir de part ce sujet méconnu mais ne débouche pas sur une fin rocambolesque et inattendue. Déception à l’arrivée... George Clooney a recherché une histoire trop ambitieuse et s’est perdu dans la guerre du film historique.