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A propos de l'auteur

  • Cécile Guenebault

    Étudiante en 2ème année de licence de Lettres modernes à l’université de La Rochelle.

Accueil || Licence de Lettres || Stylistique du texte classique || Commentaire stylistique Phèdre acte II scène 5, Grossin Nathalie, Guenebault Cécile

Nous avons travailler sur l’expression de la surprise dans Mithridate de Racine. Dans cet article de Sophie Hache d’octobre 2010 extrait du magasine L’information grammaticale, plusieurs points ont retenu notre attention. Le principal concerne les interrogations et les exclamations qui sont des marqueurs syntaxiques des émotions dont la surprise. C’est plus particulièrement le cas pour les exclamations qui apparaissent souvent sous forme d’interjections, véritable signe de l’étonnement ou d’un autre sentiment. Elles symbolisent la réaction subjective d’un locuteur suite à un événement ou une révélation comme par exemple lorsque l’on dit « Oh mon Dieu ! », interjection très commune et souvent usitée.

La différenciation entre les modalités interrogatives et exclamatives est parfois ambigüe. En effet, dans certains cas, les interrogations peuvent avoir une valeur exclamative par exemple lorsque suite à une révélation, un personnage se pose une question à lui-même et ne s’adresse à aucun interlocuteur. Cette distinction délicate est prouvée par la différence de ponctuation suivant les versions d’une même œuvre qui pour une même phrase utilise tantôt le style exclamatif tantôt le style interrogatif.

Le deuxième élément qui nous a intéressé concerne la reformulation d’un propos d’un locuteur à l’autre pour souligner l’effet de surprise comme par exemple « Han je suis enceinte ! » « Oh c’est pas vrai tu attends un enfant ?! » Cette reformulation qui s’enchaîne d’une réplique à l’autre, créée une insistance sur les propos du premier locuteur. Dans d’autres circonstances cela permet la mise en lumière d’un secret que les premières paroles prononcées ont occulté grâce notamment à une mise à distance du personnage avec lui-même. Par exemple lorsqu’un personnage avoue un secret mais en utilisant la troisième personne du singulier ce qui fait que ses propos restent obscurs.

Nous nous sommes servies de ces points dans le commentaire stylistique que nous allons vous présenter à présent.

Jean Racine, un dramaturge du 17è siècle, est un des nombreux auteurs à s’être inspiré des mythes antiques et notamment de Phèdre, oeuvre qu’il a écrit en 1677. Cette pièce de théâtre classique en 5 actes est consacrée au récit du destin tragique de Phèdre qui éprouve une passion violente pour son beau-fils Hippolyte. Le passage étudié se situe à l’acte II scène 5. Alors qu’elle croit à la mort de son mari Thésée, elle n’arrive plus à contenir ses sentiments et va se livrer à un aveu involontaire de ces derniers.
Par quels procédés Racine met il en scène la révélation involontaire des sentiments de Phèdre ?
Nous verrons dans une première partie les marques du passage d’un aveu implicite à un aveu explicite pour enfin étudier l’expression du pathétique de la situation.

I - Les marques du passage d’un aveu implicite à un aveu explicite

Dans un premier temps, Racine dans cet extrait utilise divers tropes et mode d’écriture pour voiler l’aveu de Phèdre qui va se révéler inéluctable de par la puissance de son amour.

1) Procédés de dissimulation

Tout d’abord, les personnages sont désignés majoritairement par des périphrases c’est-à-dire des expressions ou des définitions qui visent à les nommer en plusieurs mots alors qu’ils pourraient l’être par la simple évocation de leur prénom. Comme par exemple au vers 5 « votre amante » , au vers 6 « compagne du péril » ou au vers 36 « la veuve de Thésée » expressions qui font référence à Phèdre. Hippolyte est quant à lui désigné au vers 34 par la périphrase « Digne fils du héros qui t’a donné le jour ». Cette utilisation de périphrases à la place de l’évocation explicite des noms des personnages crée un effet de flou quant à l’identité des personnes nommées de la même façon que la synecdoque au vers 4 « cette tête charmante ». Cette figure de style qui utilise une partie d’un objet ou d’un être pour le désigner tout entier, en l’occurrence ici la tête d’Hippolyte pour faire référence au personnage. Elle participe à la désignation vague des personnes dont il est question.
De plus, la litote au vers 22 « Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins » contribue à l’atténuation des sentiments amoureux évoqués, en disant le moins pour exprimer le plus, et de ce fait à la dissimulation de l’aveu.
Enfin, Phèdre à plusieurs reprises use de la 3ème personne du singulier pour parler d’elle comme aux vers 8 et 20 auxquels elle utilise son propre nom. Cela crée une mise à distance de Phèdre par rapport à elle-même, voile la déclaration de ses sentiments amoureux pour Hippolyte et retarde donc l’aveu explicite.

2) Le mélange des temps créant une confusion

Plusieurs temps sont présents dans cet extrait.
Dans un premier temps, Phèdre emploie le subjonctif plus que parfait, notamment au vers 1 « L’amour m’en eût d’abord inspiré la pensée » et au vers 3 « vous eût du labyrinthe enseigné les détours ». Le subjonctif a ici une valeur de regret. Il exprime une éventualité passée non réalisée soit ici le fait qu’Hippolyte soit à la place de Thésée. En effet, elle permute le père et le fils puisque c’est Thésée qui a affronté le minautore dans le labyrinthe dont il est question aux vers 3 et 8, et non Hippolyte. Ceci démontre implicitement le désir de Phèdre d’avoir pour époux Hippolyte et non son père Thésée.
Ensuite, l’héroïne emploie le conditionnel, notamment au vers 9 « se serait avec vous retrouvée ou perdue ». Cela témoigne d’un écart entre ce qui est et ce qu’elle voudrait et traduit de ce fait sa volonté de changer de situation. Elle exprime ici un de ses rêves, s’être retrouvée avec lui dans le labyrinthe, ce qui n’est pas arrivé. Cette prise de distance de Phèdre par rapport à la réalité crée une sorte d’atténuation de ses propos car ces derniers semblent ne pas faire partis du présent, de l’actualité. Cela contribue donc aussi à la dissimulation de l’aveu de ses sentiments pour son beau fils.
L’emploi de l’imparfait participe également à un effet de mise à distance. On parle d’imparfait d’atténuation, temps présent par exemple au vers 22 « je ne t’aimais pas moins », qui a pour but de dissimuler une croyance ou des sentiments vrais dans le présent.
Enfin Phèdre utilise le passé composé qui est le temps du discours pour parler d’actions antérieures ou accomplies comme par exemple au vers 19 « je t’en ai dit assez pour te tirer d’erreur ». Elle s’exprime également dans un présent d’énonciation comme au vers 20 « connais donc Phèdre et toute sa fureur » ou « J’aime » au vers 21. Ces deux temps replacent l’action dans l’immédiat et la réalité ce qui contraste avec les autres temps qui créaient une mise à distance. Le mélange de ces divers temps crée en quelque sorte une confusion chez le lecteur qui permet à Phèdre de dissimuler ses sentiments, de n’avouer son amour qu’implicitement.

3) Les effets rythmiques témoins de la révélation

Lors de ce passage, les dynamiques de l’intrigue changent, l’aveu implicite va laisser place à l’aveu explicite mis en valeur par plusieurs effets rythmiques.
Tout d’abrod, les virgules qui entourent le substantif « Prince » au vers 2, je cite « C’est moi, Prince, c’est moi » favorise un rythme lent des paroles de Phédre et donc l’attente de l’aveu. L’auteur use également des rythmes binaires, c’est à dire des périodes en deux temps, notamment au vers 11 « Que Thésée est mon père, et qu’il est votre époux », au vers 22 « Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes » ou encore vers 28 « Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? ». Ils accentuent les pauses dans le discours de la protagoniste et retardent donc l’aveu. La rime suffisante vers 31- 32 avec « aime/toi-même » contribue à l’incertitude de l’aveu.
D’autre part, les rejets vers 13 « Et sur quoi jugez vous que j’en perds la mémoire, Prince ? » et vers 21 « Hé bien ! Connais donc Phèdre, et toute sa fureur. J’aime », permettent une atténuation de la pause attendue à la fin des vers. Ces enjambements d’un mot au vers suivant permettent de mettre en évidence les mots « Prince » et « J’aime » qui dévoilent le sentiment amoureux de Phèdre envers son beau fils tout en créant une insistance sur la longueur des phrases. De plus, le passage d’une ponctuation simple avec le point comme au vers 5 « Un fils n’eût point assez rassuré votre amante. » à une énonciation exclamative par exemple au vers 17 « Ah ! » ou vers 20 « Hé bien ! » connote la montée en pression de la protagoniste, donc l’accéleration du rythme, et annonce l’arrivée de la déclaration formelle de la situation.
Enfin, une réelle accélération du rythme apparaît lors de l’enchainement des question de la part d’Hippolyte vers 10-11 « Dieux ! Qu’est-ce que j’entends ? Madame, oubliez-vous que Thésée est mon père, et qu’il est votre époux ? » et de celles de Phèdre vers 12-13 « Et sur quoi jugez-vous que j’en perds la mémoire, Prince ? Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire ? ». Les points de suspension au vers 17 « Et je vais... » marquent une interruption de la phrase dans le discours d’Hippolyte mais engendre un accroissement du rythme. En effet, Phèdre répond tout de suite en lui coupant la parole avec l’interjection « Ah ! » vers 17. En l’occurrence, le propos vers 17 « Ah ! Cruel, tu m’as trop entendue » posséde un rythme à valeur expressive car il montre un trouble émotionnel de la part de la reine, sa fureur. L’allitération en [t] du vers 18 l’atteste « Je t’en ai dit assez pour te tirer d’erreur ». Effectivement, la consonne [t] connote une valeur plutôt agressive. De plus, en ce qui concerne l’accélération de la cadence, le vers 24 l’illustre parfaitement « J’ai langui, j’ai séché, dans les feux, dans les larmes ». Ce ryhtme quaternaire doublé d’une accumulation empresse le rythme. Aussi, le passage du vouvoiement au tutoiement de Phèdre envers Hippolyte décrit le changement de comportement de la reine vis-à-vis de son beau fils V 8 « Et Phèdre au Labyrhinte avec vous descendue » et vers 17 « Ah ! Cruel tu m’as trop entendue ». Sa colère est alors accentuée. La tirade de Phèdre devient donc un véritable défouloir, elle laisse éclater sa fureur et ne permet pas à Hippolyte de lui répondre ce qui créer un enchainement et une accélération du ryhtme qui permet le passage d’un aveu à demi mots à un aveu explicite. On voit donc la naissance du pathos de la scène.

II – L’expression du pathétique de la situation

Racine dans ce passage utilise le registre pathétique pour mettre en lumière les émotions des personnages.

1) Les marqueurs du pathétisme et du lyrisme

Dans un premier temps, le passage est orné d’occurrences du « je ». En effet, la protagoniste utilise à de nombreuses reprises le pronom personnel « je » comme aux vers 7 « j’aurais voulu » ou au vers 19 « Je t’en ai dit assez , puis le pronom tonique « moi », je cite vers 2 « c’est moi, Prince, c’est moi » qui va être ensuite renforcé par la tournure « moi-même » au vers 7. Phèdre insiste fortement sur sa propre personne qui atteste d’un certain lyrisme. Ce dernier est également démontré par les apostrophes que cite la protagoniste vers 2 et 12 « Prince » et vers 17 « cruel ». Les apostrophes permettent de désigner l’être à qui l’on s’adresse dans le discours en l’occurrence ici ils nomment Hippolyte. L’énonciation met en valeur l’expression de la douleur par l’interpellation.
D’autre part, le champ lexical de la souffrance est omnipresent avec « cruel » vers 12, « hair » vers 22, « malheurs » vers 23, « venge-toi » vers 33, ou encore « odieux amours » vers 33. Ce langage expressif est propre à traduire et à faire partager des sentiments intenses, Phèdre dévoile toute sa douleur à aimer son beau fils. Le registre pathétique clairement visible éveille la compassion des lecteurs en insistant sur la manifestation de l’émotion que la reine emploie à avouer son amour pour Hippolyte. L’exaltation de ses sentiments amoureux passe par le lyrisme et le registre pathétique, l’écriture de l’émotion est alors à son apogée.

2) Des modalités révélatrices des sentiments des personnages

Phèdre outre la modalité assertive fréquente, emploie principalement les modalités interrogatives et exclamatives dans son discours.
La modalité exclamative visible grâce au point d’exclamation concluant la phrase, traduit une réaction subjective et affective du locuteur face à un événement considéré.
Si l’on s’attache à étudier les phrases exclamatives prononcées par les personnages on peut donc observer leurs émotions.
Tout d’abord, Hippolyte lui, suite à l’aveu implicite de Phèdre, s’exclame « Dieux ! » au vers 10. Cette interjection exclamative est un marqueur de son étonnement. Il poursuit avec deux phrases interrogatives, dont l’une est une question qu’il se pose à lui-même « Qu’est ce que j’entends » au vers 10,. Elle peut aussi bien être interpréter comme une phrase exclamative révélatrice de sa stupeur, ce qui rappelle l’ambiguïté de la distinction entre ces deux types de phrases évoquée dans l’article.
En ce qui concerne Phèdre, les phrases exclamatives qu’elle prononce sont en majeure partie des interjections correspondant à des cris de l’âme, comme aux vers 18 « ah ! » ou au vers 32 « Hélas ! » qui expriment sa souffrance, sa plainte, sa fureur et la violence de sa passion et témoignent donc du pathétique de la scène.
Si son aveu reste vague tout au long du passage, il devient explicite avec l’exclamation au vers 36 « la veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ! » C’est une mise à distance certes comme on l’a dit précédemment mais cela permet une mise en relief de l’aveu de ses sentiments. De plus, la césure coupe le vers en deux et place le prénom des deux hommes à la fin de chaque hémistiche ce qui crée un parallélisme entre Thésée et Hippolyte et met l’accent sur l’amour interdit de Phèdre pour son beau fils. D’autre part, le passage est aussi dominé par la modalité interrogative qui traduit également les émotions des héros. Tout d’abord, la deuxième interrogation d’Hippolyte aux vers 10 et 11 « Madame, oubliez-vous que Thésée est mon père, et qu’il est votre époux ? » traduit son indignation accentuée par la présence du rythme binaire décelable avec la présence de la virgule et de la copule et, et aussi grâce aux rimes en [u] entre vous et époux. Cela insiste sur les liens familiaux unissant les personnages et dénonce donc l’incohérence et l’irrationalité des sentiments de Phèdre pour Hippolyte, qui a contre toute attente une réaction rationnelle.
Quant à Phèdre, elle emploie la modalité interrogative à plusieurs reprises.
Sa première question aux vers 12 et 13 « Et sur quoi jugez-vous que j’en perds la mémoire Prince ? » répond à la question d’Hippolyte en reformulant ses propos. En effet on a oubliez-vous et perdre la mémoire qui se font écho. Cela crée une mise en relief des paroles de son beau fils et renforce donc la dénonciation de l’interdit de la situation étant donné le lien familial existant entre eux.
Ensuite au vers 27 elle se pose une question à elle-même « Que dis-je ? » ce qui met en exergue le côté involontaire de son aveu, du ressenti de ses sentiments ce qui est renforcé par l’interrogation qui suit « cet aveu que je viens de te faire, cet aveu si honteux le crois-tu volontaire ? ».
Enfin, la modalité jussive est présente à la fin de l’extrait avec notamment « venge toi, punis moi » au vers 33, ou « délivre l’univers » au vers 35. Ces ordres qu’elle donne à Hippolyte pour l’inciter à la tuer mettent en valeur son désarroi face à la puissance des sentiments qu’elle ressent et le tragique du passage.
L’emploi de telles modalités participent donc au registre pathétique de la scène.

3) Les modes d’amplification

Ce passage comporte un grand nombre de répétitions.
Tout d’abord, plusieurs polyptotes ou répétition d’un mot de même racine avec des variations morpho syntaxiques, sont parsemés dans l’extrait. Il y a par exemple un polyptote du verbe haïr présent à l’infinitif au vers 30 et l’imparfait au vers 22 qui s’oppose au polyptote du verbe aimer présent à l’imparfait au vers 22, au présent aux vers 31 et 21, à l’infinitif au vers 36 et en tant que substantif au vers 1. Au vers 1, l’amour est même sujet de l’action ce qui connote la force puissante et incontrôlable de ce sentiment sur Phèdre. Ces polyptotes opposées dans une même scène forment une antithèse qui met en relief le dilemme de la protagoniste qui éprouve un amour profond et irrépressible pour Hippolyte et paradoxalement se hait de ressentir un tel sentiment. Le polyptote de la perte avec « perdue » vers 9, « perds » vers 12 et « perdu » vers 13 sous entend le fait que ses sentiments vont conduire Phèdre à sa perte. Aussi, l’oxymore « odieux amour » vers 33 qui place dans le même syntagme deux mots opposés, insiste sur le fait qu’elle trouve ses sentiments ignobles.
De plus, la présence de l’épanalepse qui est une reprise littérale d’un même terme, groupe de mots ou segment de phrase, du mot monstre présent au vers 25 et repris au vers 37 où il est associé à l’adjectif « affreux » insiste sur le sentiment de culpabilité de Phèdre qui se déshumanise en se disant être un monstre. Ce monstre dont il est question peut aussi être vu comme l’allégorie de la colère de Phèdre qui est démentielle. Le fait qu’elle se sente coupable est aussi évoquée au vers 2 « c’est moi, prince, c’est moi.. » avec la répétition de « c’est moi ».
De même, l’épanalepse du mot aveu, présent au vers 27 « cet aveu » et repris au vers suivant « cet aveu si honteux » insiste sur la honte qu’elle éprouve face à sa révélation. L’emploi du morphème évaluatif d’intensité « si » donne un côté hyperbolique au sentiment de honte qu’elle éprouve et l’amplifie. De la même façon le morphème évaluatif « trop plein » au vers 31 « faibles projets d’un cœur trop plein de ce qu’il aime » montre la puissance de l’amour et de la passion de Phèdre pour Hippolyte et lui donne même une grandeur démesurée, excessive. Le chiasme du vers 24 « J’ai langui, j’ai séché, dans les feux, dans les larmes » => amour la rend triste côté involontaire de ses sentiments.
Sa dévalorisation est enfin mise en évidence à travers sa mise sur un piédestal d’Hippolyte. En effet, elle l’appelle Prince par exemple vers 13 ou « digne fils du héros qui t’a donné le jour » vers 35 ce qui exprime sa noblesse de rang et d’âme et contraste avec son côté monstrueux.

Ainsi, cet extrait dévoile toute la force du drame racinien qui réside dans la beauté du style. En effet, le chant racinien fait appel au lyrisme. L’écriture joue sur la musicalité des phrases, le rythme du texte, la richesse des images. Les divers procédés mis en œuvre par Racine illustrent la violence de l’amour irrépressible de Phèdre pour son beau-fils qui va involontairement se livrer à l’aveu de celui-ci. Les circonstances de la révélation rendent compte de l’interdit de la situation et du sentiment de culpabilité de l’héroïne à travers le registre pathétique. Cet aveu constitue le point de non retour qui concrétise la fin tragique de la pièce.