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A propos de l'auteur

  • Laura PEANT

    Étudiante en 2ème année de licence de Lettres modernes à l’université de La Rochelle.

Accueil || Licence de Lettres || Tocqueville || Compte rendu de l’article « Des cartésiens qui s’ignorent : la méthode philosophique des américains selon A. de TOCQUEVILLE » de Laurence GUELLEC.

Dans cet article, Laurence GUELLEC explique que ce que TOCQUEVILLE entend par cartésianisme américain réduit la philosophie de DESCARTES à la maxime célèbre « cogito ergo sum ». Le DESCARTES de TOCQUEVILLE ne vient donc pas d’un examen approfondi de sa philosophie. La pensée de René DESCARTES avait d’ailleurs déjà été récupérée par COUSIN et LAROUSSE notamment.
Ainsi, selon TOCQUEVILLE, les américains sauraient « penser par eux même », c’est-à-dire être cartésiens, hors de la pensée commune, et « chercher par [eux] mêmes et en [eux] même des choses ».
TOCQUEVILLE apporte cependant la nuance suivante : penser par soi-même ne serait pas seulement positif, ceci pourrait, paradoxalement, montrer le « vide des esprits » et « des consciences », l’homme ne saurait quoi penser et l’intelligence serait aliénée à l’opinion (à ce qui ne relève pas de la connaissance rationnelle, n’est pas étayé et propre à un individu. L’opinion est critiquée en philosophie car elle n’est pas fondée sur un raisonnement et se donne l’apparence du savoir.).
En Amérique TOCQUEVILLE voit ce cartésianisme comme tempéré par la culture religieuse et le fort patriotisme qui mettent des limites à l’examen individuel. De plus, la démocratie est née sans révolution (ce qui n’est pas exact), caractérisée par un radicalisme de la pensée né des privations ou limitations de libertés publiques et d’une absence d’expérience politique. De plus, le cartésianisme mènerait à l’individualisme intellectuel et TOCQUEVILLE s’en inquiète car il n’envisage pas la société sans « idées communes ». Le libre examen ne fait pas disparaître le « concept d’autorité » qui se traduit dans une société démocratique par l’opinion publique qui serait le « guide de la raison individuelle chez les peuples démocratiques » qui estiment logique que la vérité se trouve du côté du plus grand nombre, par conséquent l’individu doute de son opinion face à celle de la communauté, il se joue alors une inversion de la pensée initiale de DESCARTES. Cette façon de « penser par soi même » démocratique permet donc à la fois la « liberté de penser » mais devient aussi une nouvelle forme d’aliénation de l’individu qui fait certes fi de la tradition mais ne devient pas pour autant un « sujet autonome ». TOCQUEVILLE se méfierait donc de la raison et exprimerait ainsi son pessimisme sur l’avenir des démocraties.