Étudiante en 3ème année de licence de Lettres modernes à l’université de La Rochelle.
Le 5 mai 2013 par Hermine Barret-Latour
p.40, édition"J’ai lu" 2005
L’hiver est rude. L’enfant passe ses jours à compter les vaches, les sapins et même les flocons de neige qui tombent devant l’ouverture du grenier où il a élu domicile. Au loin, dans le brouillard, on aperçoit la rudesse d’étendues immaculées, un vent glacé souffle sous une lumière blanche. Le soleil est masqué par une couche épaisse de nuages ; c’est un halo lumineux. Sous la charpente magnifique du toit de la grange, assis dos contre une poutre sentant bon le bois, la paille et le feu, l’enfant use d’un petit couteau pour tailler des entrailles, faire des trous, mordre et finalement torturer sans but la poutre centenaire logée dans son oeil. A la manière du bonneteur, sur le banc comme sur le plat d’une caisse en carton dans la rue, H. né Bloch mélange les clichés. Puis à la façon du joueur debout dans le froid, qui va se faire avoir, mais mise quand même gros, il s’en saisit d’un qu’il retourne. Un coup de pied fait valser la caisse et le monde disparu.
Je sais par sa soeur que dans le noir des toilettes du meublé qu’il occupe sur le même palier que celui où vit sa mère, chaque nuit il tire des photos de gens, portraits d’hommes, scènes d’humanité, en vrac.