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A propos de l'auteur

  • Jennifer Neaud

    Étudiante en L2 de Lettres modernes à l’université de La Rochelle

Accueil || Licence de Lettres || Tocqueville || L’égalité homme/femme selon Tocqueville

Chapitre XI p.291-296 (Tome II)

Bien qu’il s’agisse d’un chapitre concernant l’égalité entre les hommes et les femmes, Tocqueville s’arrête surtout ici sur le rôle de la femme ainsi que sur le place qu’occupe cette dernière au sein de la société américaine en établissant une comparaison avec la France mais aussi plus largement avec l’Europe.
Selon l’auteur les hommes et les femmes marchent d’un « pas égal mais sur des chemins différents », ils ont donc une démarche commune à la base mais ils ne peuvent pour autant entreprendre les mêmes choses. En effet l’homme et la femme ont chacun des fonctions qui leur sont propre et cela serait pour le bien du « travail social ».Chacun possède donc ses propres tâches au sein de la société dans laquelle il vit, nous pourrions même dire dans laquelle chacun évolue car Tocqueville suppose que bien que les femmes restent femmes en apparence, elles sont parfois hommes par la pensée « restent toujours femmes par les manières, bien qu’elles se montrent hommes quelquefois par l’esprit et le cœur » Il distingue donc bien là les actions des femmes de leur pensée et leurs sentiments. La femme serait donc unique et différente de l’homme seulement dans ses actes à proprement dit. Toujours dans cette même répartition des tâches qui apparaît ici comme logique au bon fonctionnement de la société, ni l’homme ni la femme, soit l’être humain américain en général, ne peut ni échapper ni être contraint à effectuer les tâches du quotidien, elles lui reviennent de droit et il s’en accommode.

Ce chapitre traite sur l’égalité entre l’homme et la femme en Amérique mais nous allons tout d’abord voir ce que Tocqueville en dit selon la France et pour élargir sa pensée selon l’Europe afin de pouvoir ensuite développer plus longuement ce qu’il décrit concernant le continent américain. Selon l’auteur, l’homme européen serait l’esclave de la femme mais qu’il ne la porterait pas pour autant sur un même pied d’égalité que lui-même « bien que l’européen se fasse souvent l’esclave de la femme, on voit qu’il ne le croit jamais sincèrement son égale ». Ici Tocqueville crée donc une nette opposition entre une généralité concernant les européens et ce qu’ils pensent réellement au fond d’eux, pour cela il utilise une construction grammaticale particulière avec la tournure suivante « bien qu’il […] on voit qu’il ». L’homme européen qui serait dominé par la femme ne serait alors donc plus qu’un cliché puisque dans son fort intérieur ce dernier pense rester tout de même supérieur à la femme.
Aussi, la femme européenne est, toujours selon l’auteur bien qu’il utilise l’expression « il semble que » afin de ne pas imposer franchement son avis, inférieure à l’homme, il utilise même les termes suivants « des êtres séduisants et incomplets ». La femme est ainsi clairement réduite à l’état d’être inachevé. De plus pour accentuer un peu plus encore leur situation d’être inférieur Tocqueville confie que la femme pourrait voir sa condition tel un privilège « elles ne sont pas éloignées de considérer tel un privilège la faculté qu’on leur laisse de se montrer futiles, faibles et craintives. » . La femme serait donc ainsi pas par pur choix personnel mais bel et bien parce qu’on lui laisse le droit de considérer son état comme étant un privilège. Même dans ses propres pensées la femme européenne ne serait donc pas totalement libre.
Pour ce qui est du cas plus précis de la France, Tocqueville observe et note une mépris de la femme ou de la pudeur, mais il s’agit bien des deux selon lui. « Serait-ce mépris de la pudeur, ou mépris de la femme ? Je ne peux m’empêcher de croire que c’est l’un et l’autre. ». L’autre clôt d’ailleurs un de ses paragraphes sur cette citation. Nous pouvons donc penser que bien qu’il utilise la première personne afin de montrer qu’il s’agit de son avis, il cherche ici à nous imposer clairement son choix par l’emploi de l’expression « Je ne peux m’empêcher de croire », sa pensée personnelle devient alors une évidence.

Maintenant nous allons nous intéresser plus précisément au sujet de l’égalité hommes/femmes mais seulement en ce qui concerne le continent américain. En effet comme il s’agit du cœur de ses ouvrages l’autre développe bien plus ses propos lorsqu’ils concernent l’Amérique.
Selon Tocqueville, en Amérique bien que les hommes et les femmes aient leurs propres domaines d’action, les hommes respectent les femmes et leur liberté tandis que les femmes éprouvent une certaine fierté face à leur choix personnel qui consiste à abandonner leur propre volonté. « elles se faisaient une sorte de gloire de volontaire abandon de leur volonté, et qu’elles mettaient leur grandeur à se plier d’elles-mêmes au joug et non à s’y soustraire ». Le femme américaine a donc une grande volonté, ce qui lui permet de choisir elle-même qu’elle place elle occupe et ce qu’elle représente au cœur de la société. De plus elle tient visiblement une place importante puisque le terme de « grandeur » lui est associé. Aux États-Unis, il y a une véritable estimation de la femme « Aux États-Unis, on ne loue guère les femmes ; mais on montre chaque jour qu’on les estime. ». Cette citation est importante car elle marque à elle-seule un paragraphe complet, l’auteur juge donc cela comme prioritaire de rappeler que dans ce pays la femme est une personne respectée et estimée.
Les Américains se préoccupent de la raison de la femme, ils ont le respect de sa liberté, selon Tocqueville il est même question d’une égalité d’esprit entre l’homme et la femme. « des êtres dont la valeur est égale », « ils ne doutent jamais de son courage », « la raison de l’une est aussi assurée que celle de l’autre, et son intelligence aussi claire ». Ici, ces diverses citations peuvent créer un éloge de la femme américaine. Bien qu’il y ait une égalité entre les valeurs de la femme et celles de l’homme en Amérique, tout deux ne font pas le même usage de leur intelligence et de leur raison « ne doivent pas toujours employer leur intelligence et leur raison de la même manière », mais cet emploi de la raison reste tout de même sur pour l’un comme pour l’autre. Ils ont donc une base commune : la raison, ensuite chacun l’emploi à sa manière mais de façon assurée selon l’auteur.
Selon le point de vue de Tocqueville, l’élévation de la femme dans la société américaine permet un « progrès démographique » et que cette même position de la femme permet la prospérité et la force au sein du peuple. Le femme aurait donc un rôle très important voir déterminant dans la société américaine. « on me demandait à quoi je pense qu’il faille principalement attribuer la prospérité singulière et la force croissante de ce peuple, je répondrais que c’est à la supériorité de ses femmes. ». L’auteur termine son chapitre sur cette citation dans laquelle nous pouvons noter une prise de parti claire en faveur des femmes dans la société américaine et l’importance qu’il leur donne.