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A propos de l'auteur

  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

Illustré par Adolf Born
Adaptation française de Maura Tillay

Publié aux éditions en 2006.

Synopsis :

Cet album raconte la célèbre légende du Golem. Tout commence avec le rabbin Juda Loew ben Bezalel qui vivait à Prague dans les années 1500 et qui avait décidé d’agir pour que son peuple ne soit plus persécuté par les chrétiens ni victime de calomnies. La seule solution pour que justice soit faite était de rencontrer l’empereur, ce qui ne fut pas chose aisée et Juda Loew fut aidé dans ce projet par ses pouvoirs magiques.
Mais la rencontre avec l’empereur ne suffit pas à apaiser les esprits. Le rabbin a donc recours à tout autre chose, qui lui a été suggéré par dieu pendant la nuit : créer un golem, c’est-à-dire un être à la forme humaine, mais qui n’est pas doué de parole car « seul Dieu a le pouvoir de donner la parole » (p. 30).
Le golem est chargé de travailler toutes les nuits à la protection des juifs. Mais une jeune fille le trahit par intérêt. Le golem est alors accusé d’avoir tué une servante qui a disparu, et son créateur, Rabbi Loew est obligé de le cacher…

Pistes didactiques :

- un thème de la littérature fantastique :

La création du Golem rappelle celle de Frankenstein ! Les aspects surnaturels et fantastiques de ce conte pourront donc faire l’objet d’une étude approfondie.

Merveilleux ou fantastique ? Le golem joue sur les deux registres. Le fantastique, c’est l’intrusion du surnaturel dans la réalité. De cette intrusion naît le doute, et le lecteur, comme le personnage, ne peuvent jamais savoir si l’événement surnaturel est réel ou non. Dans le merveilleux, nous trouvons un monde imaginaire, accepté comme tel, et peuplé de créatures inventées : des fées, des sorcières, des lutins, etc. Le Golem relève donc plutôt du genre fantastique, bien que les thèmes religieux aient aussi des aspects du merveilleux.

On pourra demander aux élèves de classer les événements de l’histoire : quels sont ceux qui relèvent du surnaturel ? du religieux ? de la réalité ? Ce classement permettra de mettre l’accent sur la structure du texte : les éléments qui donnent l’illusion de la réalité se trouvent dans les descriptions et les précisions historiques et géographiques. Le début de l’histoire joue d’entrée de jeu sur l’illusion de la réalité : « Cela fait presque quatre cents ans que le rabbin Juda Loew ben Bezalel repose dans l’ancien cimetière juif de Prague (…). Tout commença en l’an 1512 dans la vieille ville allemande de Worms. »

Les éléments surnaturels, quant à eux, constituent le cœur même de l’histoire dès le titre : Le Golem, est un être surnaturel. Les détails religieux font le pont entre les aspects historiques et les aspects surnaturels : ils justifient la création du Golem, qui se fait à l’aide de glaise et de prières.

Les événements qui amènent la création du Golem pourront être étudiés en cours d’Histoire : il s’agit de la persécution des Juifs par les Chrétiens. Le chapitre intitulé « Thaddeus » (p. 10-11) pourra être lu dans cette perspective. Thaddeus est le nom d’un prêtre qui colportait de fausses rumeurs sur les Juifs pour les faire accuser. L’album accentue encore les côtés historiques par la mise en page : chaque page a pour arrière-plan des couleurs qui rappellent les pages jaunies d’un ancien manuscrit. Quant au graphisme des illustrations, il rappelle également les manuscrits médiévaux par leur fantaisie, leurs couleurs tantôt vives tantôt chaudes et les physionomies des personnages.

- l’étude de l’image

En classe, on pourrait partir de l’illustration de la page 10 (reproduite en double page à la fin de l’album) pour aborder ce thème qui oppose deux communautés :

Le rabbin réclame « un débat de sages ». L’illustration met ainsi en scène les deux adversaires et leur affrontement se traduit par une « prise de bec » ! Les chapeau-oiseaux traduisent les désaccords et les paroles accusatrices. Ils contrastent avec les visages qui, eux, restent dignes. L’un des personnages semblent avoir le dessus sur l’autre : le bec qui surgit au-dessus de sa tête anéantit l’autre et le doigt pointé est accusateur.

Il est toujours intéressant en classe d’accorder une grande part aux illustrations. D’une part, elles rendent le texte plus accessible et le livre plus attractif, et d’autre part, elles permettent d’aller dans les non-dits des textes et de provoquer des situations pédagogiques centrées sur le débat.

L’enseignant pourrait ainsi attirer l’attention des élèves sur l’illustration ci-dessus et leur faire émettre des hypothèses, en interprétant tous les symboles de la discorde. Il serait également intéressant de travailler sur la symbolique des couleurs.

- La création du Golem

Elle occupe le centre de l’histoire (pages 24 à 31). Il faudra s’assurer que les jeunes lecteurs comprennent bien le déroulement de cette création. Le Golem est un être d’argile auquel un souffle divin donne vie. Le programme de Sixième permet d’aborder la Genèse dans l’étude des textes fondateurs. Avec la lecture du Golem, les enfants pourront réinvestir leurs connaissances sur les thèmes bibliques.
La description du Golem permettra de travailler les adjectifs qualificatifs : leurs accords et leur rôle dans la description. Le Golem, à ce moment-là de l’histoire n’est pas dessiné mais la description permet aisément de l’imaginer (voir page 29).
Cet épisode de la création du Golem sera à mettre en parallèle avec le chapitre intitulé « Tu es glaise et tu retourneras à la glaise » après la lecture intégrale de l’œuvre. En effet, ces chapitres consacrés à la création puis à la destruction du Golem suivent un même déroulement : interrogation et débat intérieur du rabbin face à une situation problématique, convocation d’ « Isaac Kartz et Jacob Sosson, ceux qui l’avaient aidé à donner vie au golem » (p. 58), puis suivi du rituel.

- Proverbes et autres phrases à valeur de vérité générale.

Dans Le Golem, nous trouvons des proverbes et autres phrases à valeur générale qui nous permettront de travailler les morale de l’histoire, comme nous pouvons le faire avec les morales des Fables de La Fontaine :

  • même la raison ne peut dissiper les mensonges (p. 11)
  • c’était le calme avant la tempête (p. 46)

    - Défi lecture dans la classe :

    Constituer des groupes de quatre élèves. Chaque groupe est chargé d’un ou deux chapitres et élabore un questionnaire à destination des autres groupes de la classe.
    Exemple de questionnaire :
    Chapitre « Mauvais présage » :
    1) De quels « quiproquos » est-il question p. 46 ?
    2) Pourquoi le rabbin s’inquiète-t-il du rêve qu’il a fait ?
    3) Que représentent les chauves-souris qui illustrent le chapitre « Mauvais présage » ?
    4) Que se passe-t-il dans les tunnels ?
    5) Pourquoi le rabbin est-il inquiet de sa sombre découverte ?
    6) Quel point commun y-a-t-il entre cette découverte et le chapitre intitulé « Le lionceau » ?

    Le Golem de Hana Neborova et Adolf Born serait très intéressant pour une classe de Sixième car l’album et le conte sont des formes familières aux enfants : pourquoi cesser de lire des albums sous prétexte que l’on entre au collège ?