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A propos de l'auteur

  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

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Il faut apprendre très tôt à faire un brouillon. On voit encore trop d’élèves qui arrivent au lycée sans vraiment savoir faire de brouillon, sans même en voir l’utilité. C’est pourtant la base même de toute pratique d’écriture. Pas d’écrit réussi sans un travail sur le texte produit, le « premier jet » c’est-à-dire, concrètement, sur la grammaire, l’orthographe et le vocabulaire.

On expliquera d’abord aux élèves la fonction du brouillon : il aide à mieux écrire parce qu’il permet de se corriger. On peut le comparer à l’utilisation du crayon à papier et de la gomme en dessin : on observe le travail réalisé, on efface les traits imparfaits, on améliore son dessin en faisant d’autres choix, dans les couleurs et dans les formes. Le brouillon est ce qui permet d’avoir un « produit fini » de qualité, ce qui signifie qu’il demande du travail, au même titre que le début de la réflexion sur un sujet d’écriture, que le début de la rédaction, ou la copie au propre à la fin. Il faut donc donner aux enfants un cadre précis, un mode d’emploi du bon usage du brouillon. Il y a bien sûr, en premier lieu, le fameux « cahier de brouillon ». Il est d’un usage pratique, en ce qu’il institutionnalise l’usage du brouillon : j’ai un cahier de brouillon au même titre qu’un cahier de mathématiques ou de poésie.
On pourra demander aux élèves de choisir entre le stylo ou le crayon à papier, et de s’y tenir ; ils devront aussi, à chaque fois qu’ils rédigeront un texte, penser à sauter des lignes pour conserver dans la page une marge de manœuvre. Ceci dit, le travail du brouillon peut réellement commencer ! Il n’est pas le même au cycle 2 et au cycle 3. Prenons un exemple concret. Le maître demande aux élèves de CE1 d’écrire en quelques lignes une carte d’invitation à un anniversaire. Ce type d’écrit aura été étudié au préalable, et les consignes d’écriture auront été précises
Le maître demandera à ses élèves de se relire en trois fois :
1- Ai-je bien formé toutes les lettres ?

2- Ai-je respecté toutes les consignes d’écriture de l’invitation ?

3- Ai-je fait des phrases correctes, c’est-à-dire commençant pas une majuscule et se terminant par un point ?

4- Ai-je bien écrit une invitation pour un anniversaire ? (il faut, très tôt, enseigner aux enfants à bannir le hors sujet).

Au cycle 3 on ajoutera :

1- Ai-je bien accordé les groupes verbaux ?

2- Ai-je bien accordé les groupes nominaux ?

L’important est de donner aux élèves l’habitude de se relire avec méthode. Après quelques semaines, le maître vérifiera si les bonnes habitudes ont été prises en demandant à la classe de dire les 4 ou 6 étapes de la relecture. L’intérêt de ce type de démarche est multiple : il enseigne aux enfants que l’écriture est un travail qui demande du temps, de la patience et des efforts. Il leur permet aussi de progresser en expression écrite parce qu’ils sont amenés à se relire d’un œil critique et à se corriger. Il voit ensuite tout ce travail récompensé lorsque son texte a du sens, que l’adulte lui reconnaît de la valeur, car écrire est aussi un plaisir et il ne faut pas l’oublier !
En se corrigeant, l’enfant se pose des questions sur le fonctionnement de la langue, sur la syntaxe donc, mais aussi sur l’orthographe. Il comprend par là l’utilité du dictionnaire qu’il apprend à utiliser parce qu’il lui est utile. Il est réellement dans une démarche d’apprentissage et devient par là acteur de son savoir. Par le travail du brouillon il entre activement dans la phase de maîtrise de la langue.