Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
Professeur agrégée et docteur en philosophie.
Le 2 décembre 2012 par Valérie PEREZ
Chers étudiantes et étudiants, je vous demande de proposer des définitions des termes de l’analyse du théâtre (cela est indispensable pour vos dissertations et commentaires), en citant vos sources. Pour ce faire, cliquez sur "Répondre à cet article" et suivez la procédure.
Pour celles et ceux qui sont fans de carottes...
Voir aussi Le mode dramatique
Dans « Etude stylistique d’un extrait de la scène 1 de l’acte 1 du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux », Anne-Marie Garagnon dit que les verbes cinétiques permettent une description béhavioriste des individus. Qu’est-ce qu’une description béhavioriste ? Ce n’est pas une notion spécifique au théâtre mais elle s’y applique également. Le behaviorisme est le fait d’analyser un personnage en fonction de son environnement et de ses actions. Les verbes cinétiques qu’Anne-Marie Garagnon cite comme « disparaît », « faire place », « devient », « promène », « sortir », « sort », « vient », … sont bien des outils pour analyser le comportement des personnages. Cependant, dans l’analyse stylistique de Garagnon cette description béhavioriste « peine à devenir une vraie psychologie des comportements » à cause de la rumeur.
Un grand comédien est un « pantin merveilleux dont le poète tient la ficelle, et auquel il indique à chaque ligne la véritable forme qu’il doit prendre. » (Le paradoxe sur le comédien).
Baudelaire dit dans De l’essence au rire, chapitre IV que « Le rire est satanique,il est donc profondément humain. Il est dans l’homme la conséquence de l’idée de sa propre suprériorité ;et ; en effet, comme le rire est essentiellement humain,il est essentiellement contradictoire, c’est-à-dire qu’il est à la fois le signe d’une grandeur infinie et d’une misère infinie ; misère infinie relativement à l’Être absolu dont il possède la conception, grandeur infinie relativement aux animaux.C’est du choc perpetuel de ces deux infinis que se dégage le rire. Le comique, la puissance du rire est dans le rieur et nullement dans l’objet du rire. » A travers cette citation, on comprend que le comique provient de l’homme et qu’il repose uniquement sur celui qui comprend et voit le comique. Le registre comique : « ce qui provoque le rire/ qui appartient à la Comédie »(Larousse)possède plusieurs effets.
Le comique de répétition ou plus généralement le comique de mots repose principalement sur les effets produit par la parole : les jeux de mots avec ou sans homophonies (des mots qui se prononcent de la même manière mais qui ne possède pas le même sens ni la même graphie), répétitions de toutes sortes, utilisation de différents niveaux de langues...
On trouve une des illustrations de cet effet dans l’acte II, scène 9 du Jeu de l’amour et du Hasard de Marivaux que vous trouverez dans la section Licence, Stylistique du texte Classique.
Le comique de gestes, celui produit par les personnages ou l’interprétation des acteurs repose sur les mimiques, les grimaces ou sur les informations qu’apportent les didascalies.
Le comique de situation est le comique produit par les situations dans lequelles les personnages se trouvent : quiproquos, rebondissements,
retournements...
Dans le jeu de l’Amour et du Hasard,ce comique est illustré à la perfection puisque Sylvia et Dorante échange leurs rôles avec celui de leurs serviteurs Lisette et Bourguignon ce qui provoque des incompréhensions entre les deux personnages.
Le comique de caractère et de moeurs est le comique qui fait appel à la peinture des personnages. Ainsi, l’importance est mise sur les traits moraux, de caractères, les idées des personnages ou sur la critique de la classe sociale à laquelle ils appartiennent.
Dans le Misanthrope de Molière,Acte II,scène 1, Alceste dit « Et c’est pour mes péchés que je vous aime ainsi ». Ici,le caractère maladroit du personnage est forcé, ce qui entraîne le comique.
Ces différents effets prennent appui sur différents procédès stylistiques comme l’exagération, l’hyperbole, les anaphores (répétitions), les décalages ou mélanges des tonalités,les sous-entendus et/ou les allusions voire même les déformations ou les inventions de mots, de verbes...
DIFFÉRENCES ENTRE PERSONNAGE DE COMÉDIE ET DE TRAGÉDIE
Diderot, Entretiens sur le Fils naturel 1757 :
« Le héros d’ une tragédie est tel ou tel homme : c’ est ou Régulus,
ou Brutus, ou Caton ; et ce n’est point un
autre. Le principal personnage d’ une comédie doit
au contraire représenter un grand nombre d’ hommes.
Si, par hasard, on lui donnait une physionomie
si particulière, qu’il n’ y eût dans la société
qu’un seul individu qui lui ressemblât, la comédie
retournerait à son enfance, et dégénérerait en
satire. »