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A propos de l'auteur

  • Gladys Sempiana

    Je suis née le 27 avril 1992, je suis actuellement étudiante en 1ère année de Master MEEF (enseignement, éducation et formation) à l’université de La Rochelle.

Accueil || Licence de Lettres || Tocqueville || Tocqueville, De la démocratie en Amérique 2 « Physionomie littéraire des siècles démocratiques », I,18, p69/75

Compte rendu de l’article de Fabienne Bercegol, « Tocqueville, De la Démocratie en Amérique 2 « Physionomie littéraire des siècles
démocratiques », I, 18, p. 69-75 » ,
L’information littéraire, 2004/4 Vol. 56, p. 23-32.

Dans cet article, Fabienne Bercegol étudie la pensée de Tocqueville au sein du chapitre 18 de la première partie du tome 2 de l’oeuvre de Tocqueville : De la démocratie en Amérique, où elle met en évidence les trois grandes démarches de l’auteur.
On retrouve tout d’abord l’exemple de l’Amérique qui permet de poser les bases de la réflexion de Tocqueville sur la littérature et sur l’avenir des lettres. Tocqueville émet en effet des hypothèses sur l’avenir de la littérature en utilisant un « idéal-type » et en s’appuyant sur l’histoire des États-Unis afin de présenter un tableau général de la littérature et la démocratie. Il introduit ensuite la comparaison entre la littérature aristocratique et démocratique qui structure tout le chapitre. On remarque également une forte insistance sur l’association du lecteur au raisonnement de Tocqueville car il veut les convaincre. Ainsi, l’auteur s’attache à rendre plausible ses hypothèses en traitant toutes ses théories mais aussi les exceptions pour que le lecteur puisse consentir à s’intégrer à son raisonnement et qu’il puisse le comprendre, l’instruire et lui permettre de réagir à l’avenir possible des lettres.
La comparaison entre littérature aristocratique et démocratique aboutit à une comparaison entre deux types opposés de sociétés : l’aristocratie et la démocratie qui s’étend sur une comparaison entre deux types de lecteurs. Tocqueville ne s’occupe plus de l’exemple Américain qui a atteint ses limites et cherche à confronter les lettres au sein de ces deux sociétés pour en faire ressortir les différences et ainsi en dégager leurs caractéristiques. Par conséquent, on aperçoit deux types de lecteurs s’associant à leur société : l’aristocratie qui est caractérisée par « un lecteur instruit, familiarisé depuis longtemps avec les lettres et leur législation, et porté par là même à goûter d’abord une œuvre en fonction de sa régularité, de sa conformité aux normes qui régissent son genre » et la démocratie qui définit un lecteur qui possède « les lacunes d’un savoir récent et par le besoin accru de trouver des diversions efficaces à un quotidien ennuyeux ».
De cette constatation, émerge alors la question de l’idéal littéraire puisque Tocqueville a une position plutôt contradictoire vis-à-vis de ces deux sociétés ; il trouve en chacune d’elle une esthétique différente qui la caractérise ; ainsi l’aristocratie met l’accent sur le beau, le raffinement, la distinction et le savoir tandis que la démocratie s’appuie sur « plusieurs points de l’esthétique romantique, en particulier dans sa recherche de l’éclat, de l’effet, de l’expressivité qui suppose un nouveau rapport au public, une nouvelle définition du plaisir esthétique désormais fondé sur la surprise, voire le choc et la subversion » mais n’y trouve pas en elles un modèle qui lui convienne.
Ces deux types de littérature possèdent également des travers qui empêchent Tocqueville de voir en elles cet idéal. L’aristocratie peut tomber dans « l’artifice du style, et finalement dans l’extravagance de raisonnement et dans l’intelligible » et s’appuie sur un langage qui s’éloigne du vulgaire mais qui pour Tocqueville met en danger la société ou l’égalité règne. La démocratie compromet la littérature par son manque d’investissement et une superficialité dans l’écriture qui cependant possède « un potentiel de créativité » pour lui et le manque de savoir des lecteurs.
Fabienne Bercegol insiste donc sur la pensée paradoxale de Tocqueville qui critique à la fois la littérature aristocratique et démocratique tout en étant moins réticent envers cette dernière. Elle met en évidence l’idéal littéraire de Tocqueville : il souhaite « une écriture accessible pour à tous qui soit au service de l’action » ; elle insiste aussi sur « son souci d’être compris par ses lecteurs » et sur son raisonnement sur les lettres où « il s’efforce de dégager avec tact leurs atouts et leurs faiblesses, laissant deviner ce faisant difficile de perfection formelle et d’efficacité qu’il tâche de réaliser dans son propre traité ».