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A propos de l'auteur

  • Lucile Béranger

    En licence professionnelle pour changer de voie après avoir arrêté mes études pendant 5 ans.

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  • (|ptobr)

« Adapter un texte littéraire au cinéma n’est pas établir une équivalence entre l’écrit et le film, ce sont deux univers différents, dit-il, très souvent le cinéma sert de faire-valoir au texte. »

Jean-Claude Rullier estime qu’il est inutile de regarder un film en pensant y retrouver tous les éléments d’un écrit.

Adapter un film, c’est s’approprier le cadre en fonction de ses envies, de ses objectifs et de ses contraintes de création.
Orson Welles disait lors de son adaptation du procès de Kafka : « si on fait un opéra, Othello, on a le droit d’en faire un génial si on est Verdi ou un bon si on est Bellini, je ne crois pas qu’il faille respecter à la lettre l’œuvre originale, c’est une simple collaboration. Je ne me suis pas senti d’être fidèle à Kafka en tout point, j’ai trouvé nécessaire de sentir l’atmosphère que j’avais sentie chez Kafka. »

Les Mille et Une Nuits

Des écrits arabes de 987 relatent l’existence d’un volume persan racontant l’histoire de Shéhérazade.
Les récits sont nés en Inde et étaient destinés à l’éducation des jeunes princes.
Les nombreuses métamorphoses en animaux et la présence de génies font référence au polythéisme hindou, le récit de la mort est un élément typiquement indien.

L’histoire est celle d’un roi, Shahryar, trompé par sa femme avec un esclave noir. Il se jure d’épouser chaque soir une vierge et de la tuer le lendemain. Shéhérazade, la fille du Vizir l’épouse et entreprend le récit d’aventures pendant la nuit. Les histoires ne sont pas terminées au matin. Elle réussit par la ruse à susciter la curiosité du roi, repoussant pendant mille nuits la sentence. La mille et unième nuit, Shéhérazade est graciée, juste après avoir donné la vie à leur fils.

Tahar Ben Jelloun explique que la parole sauve la vie, qu’il s’agit d’écrire pour ne pas mourir, pour vaincre la peur de la mort ou la folie, de sauver sa tête et celle des autres.

L’arrivée en Europe

En 1704, Antoine Galland les traduit et les fait publier. Il les édulcore, supprime l’érotisme et y insère la galanterie française. Les Contes entrent dans la littérature et lancent la mode de l’orientalisme et des turqueries.
Aujourd’hui, la pléiade compte trois volumes avec de nouvelles traductions.

« La vérité ne se trouve pas dans un seul rêve mais dans beaucoup de rêves. »

Au cinéma

Le cinéma mondial compte près de 300 films sur les Mille et Une Nuits. Ce sont des inspirations, des variations. L’orient est un fantasme pour l’occident.
Les Contes représentent un grand réservoir d’histoires pour Hollywood et sa fonction entertainment.

Le Voleur de Bagdad

Michael Powell, 1940
Le film a été réalisé par six personnes en Grande-Bretagne puis aux USA à partir du début de la guerre.

Le jeune Abu, voleur des rues lutte avec son ami Ahmad le khalife détrôné contre le Vizir Jafar qui veut conquérir la princesse afin de se maintenir au pouvoir. Ils seront aidés par le Génie.

Le film ne respecte pas à la lettre le Conte, il emprunte à plusieurs récits et réorganise l’histoire avec une structure simple.

Le récit est enchassé autour de deux lignes narratives croisées :

- Ahmad détrôné cherche à sauver et reconquérir la princesse : conflit entre lui et jafar

- Originalité du film : compagnon Abu, jeune garçon, voleur de bagdad, tricote les histoires, changé en chien.

Il s’agit d’un film de producteur, Alexandre Korda, c’est un cinéma de studio.
Les techniciens sont français.
Les décors font penser à des peintures anglaises.

Les Mille et Une Nuits

Pier Paolo Pasolini, 1974

Pasolini transporte le spectateur en orient. Le film débute sur un bruit de fond, on entend des chants arabes, un muezzin et une foule.
Le générique indique que le film a été tourné en Ethiopie, au Yémen et en Arabie Saoudite. Il ne tourne pas en studio, les personnages principaux sont des acteurs italiens, les autres sont recrutés sur place.

Pour Pasolini, les Contes sont un idéal du monde ancien révolu où il poursuit les recherches de valeurs authentiques dans un monde dégradé.
Le paysage tient une place déterminante, il est sublimé et filmé de manière picturale. Le réalisateur transpose l’artificiel du théâtre et le rend réel.
La musique est très présente, Ennio Moriccone est à contre-emploi.
Pasolini crée un conflit entre l’onirisme du film, sa vision de poète et la crudité de l’histoire, des corps dénudés et du rêve.