Tome II chapitre XV

Dans les chapitres précédents, Tocqueville a traité de l’usage que l’Américain fait de la liberté. Il l’exploite bien souvent pour son propre compte et non pour le bien-être collectif.

Cet usage qui mène à l’individualisme ne peut-il pas être un danger pour la Démocratie ?

Il est une pratique aux Etats-Unis qui impose au cours du septième jour de la semaine, l’abandon de toute activité économique et permet ainsi à l’homme de se préoccuper de son âme : c’est la religion. Les familles et les citoyens se retrouvent ainsi dans des temples où sont tenus des discours plus spirituels sur la morale, la vertu et le bonheur. De retour chez lui, le citoyen Américain en se penchant sur les Saintes Ecritures, peut se rapprocher de Dieu, de l’esprit mais aussi se préoccuper de ses droits et de ses devoirs. On peut entendre par droit : sa destinée après la mort et par devoir : ce que l’homme a obligation de faire conformément aux préceptes religieux.

La liberté en Démocratie exempte t’elle l’homme à avoir des devoirs ?

La religion ne préconise t-elle pas à l’homme croyant d’avoir des devoirs vis-à-vis de la communauté ceci, afin de pouvoir bénéficier de ses droits ?

La croyance en une religion, dit Tocqueville, permet d’asseoir les institutions politiques américaines car, elle établit une morale qui est nécessaire au bon fonctionnement de la Démocratie. Cette morale permettra à l’homme de bénéficier de sa liberté mais aussi de se préoccuper de celle d’autrui.
Le rôle du Législateur, pour Tocqueville, est de légiférer en fonction d’éventuelles dérives d’interprétation de la moralité et de la vertu. La recherche du bien-être est indispensable, il faut pour cela être conscient des besoins du peuple et, si nécessaire, les stimuler. Tocqueville prend l’exemple d’une ‘société aristocratique’ et considère qu’en poussant l’esprit humain vers les études physiques, l’attrait pour les richesses matérielles que peuvent ressentir certains sera noyé par la recherche du bien-être de tous. Il pense que la liberté offerte par la démocratie doit nécessairement s’accompagner d’une ouverture d’esprit, d’un accès à la culture et à l’éducation. Armé de cela, l’être humain ne pourra que faire progresser la société pour le bien-être de tous. Il faut éviter que l’homme ne cherche qu’à perfectionner son propre mode de vie car, cela ne pourrait être qu’au détriment de son esprit et de sa vertu. Le législateur et tout homme instruit doivent veiller à ce que le respect de la morale pousse l’homme vers la perfection et la recherche continuelle de l’élévation spirituelle.

La vertu ne doit-elle pas accompagner la liberté en Démocratie de façon à éviter l’anarchie ?

Pour Tocqueville, les matérialistes dont les idées majeures sont l’absence d’une entité supérieure à l’homme et le fait qu’il n’existe rien après la mort, sont opposés au peuple et dangereux pour la démocratie car, il n’y a plus le ‘pare-feu’ au vice que constitue la religion. La métempsycose, à laquelle Tocqueville ne croit pas et l’immortalité de l’âme sont des croyances nécessaires pour pousser l’homme à se perfectionner.

La vertu ne pourrait-elle pas se substituer à la religion ?

Tocqueville fait appel aux idées philosophiques de Socrate et de son disciple Platon concernant la séparation du corps et de l’âme pour justifier la présence indispensable du spiritualisme au maintien de la démocratie. En revanche, il est opposé aux religions d’état qui porteraient atteinte à l’Eglise. Il indique clairement être pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

La séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est-elle pas toujours problématique ?

Tocqueville ne sait comment l’Etat peut aider à maintenir la religion, il soumet une proposition qui est celle que les gouvernements agissent comme s’ils croyaient eux-mêmes à l’immortalité de l’âme et agissent en respectant la morale religieuse.

Cette proposition de Tocqueville n’est-elle pas opposée à la séparation de l’Eglise et de l’Etat ? N’existe-t-il pas des hommes non croyants vertueux ?