Critique

« Avant j’étais normal, je votais à droite et j’allais à la messe le dimanche.

Et j’ai vu débarquer des hippies. »

Christian Rouaud interroge le passé que les moins de quarante ans ne peuvent connaître. Les protagonistes témoignent. Ils étaient jeunes agriculteurs, ils ont décidé de s’unir contre le gouvernement.
Léon Maillé, autochtone « pur porc », Marizette Tarlier, épouse du leader du mouvement et qui fera quinze jours de prison après le raid dans le camp militaire, Pierre Bonnefous, curé diplomate ou encore José Bové qui rejoint le mouvement en tant que militant libertaire, entre autres, se remémorent ces dix années de lutte.

Le verbe fleuri, l’émotion intense, leur regard sur ces événements ne mentent pas. Le public le sait et réagit.
Les témoignages, empreints de simplicité intrinsèque, de modestie et d’humour, nous transportent dans les années soixante-dix. Il est difficile de comprendre l’entêtement du gouvernement de l’époque tant leur combat paraît juste.

La réussite de ce film repose sur le talent de Christian Rouaud pour faire parler ces gens et pour rendre le récit fluide et captivant. Jamais le film ne tombe dans la doctrine, il se contente de mettre en exergue la spontanéité de la lutte sociale jusqu’à la victoire en 1981.